Gabon : mortalité infanto-juvénile, chômage, cherté de la vie, ces freins à la croissance démographique
Avec une population d’environ 2,3 millions d’habitants en 2022 pour une superficie de 267 667 km², le Gabon est l’un des pays les moins peuplés d’Afrique. Dans le cadre de la Journée mondiale de la population célébrée le 11 juillet, Gabon Media Time s’est interrogé sur les facteurs qui retardent la croissance démographique du pays.
Selon le géographe français Pierre George, « Une population est non seulement une masse de consommateurs, mais c’est aussi et même avant tout une force de production variable suivant l’efficacité (ou l’efficience) individuelle propre à chaque catégorie de la population ». Autrement dit, la population est un facteur de développement. Cependant, la population gabonaise n’a que faiblement évolué ces 10 dernières années, passant de 1,8 million en 2014 à 2,3 millions en 2022, contraignant les gouvernants à recourir à la main-d’œuvre étrangère. Une faible croissance démographique qui pourrait s’expliquer par le taux de mortalité, le taux de chômage et la cherté de la vie.
Le chômage et la mortalité, des obstacles à la croissance démographique
D’après les données de la Direction Générale de la Statistique reprises dans le rapport d’activité 2023 de l’ONU au Gabon, le taux de mortalité infanto-juvénile au Gabon est estimé à 9 pour 1000 naissances, tandis que le taux de mortalité maternelle est à 399 pour 100 000 naissances vivantes. Ces chiffres alarmants reflètent les défis persistants dans le secteur de la santé. Il faut dire que les infections respiratoires, le paludisme, la diarrhée et la malnutrition sont des causes fréquentes de décès chez les jeunes enfants de moins de 5 ans. En parallèle, les complications liées à la grossesse et à l’accouchement représentent un risque important pour les mères. Le manque d’accès à des services de santé de qualité, particulièrement en milieu rural, accentue cette problématique.
Le taux de chômage avoisinant les 40%, chez les jeunes, constitue lui aussi un autre frein non négligeable à la croissance démographique. En effet, sans emploi de nombreux Gabonais ont du mal à envisager l’avenir. Ce sont plus de 40 000 dossiers qui ont été déposés depuis le dégel des recrutements à la Fonction publique, une situation qui témoigne de la détresse des gabonais appelés à se tourner vers l’entrepreneuriat.
Difficile de joindre les deux bouts
Par ailleurs, la cherté de la vie préoccupe grandement les populations qui n’osent pas s’encombrer d’enfants qu’ils peineront à nourrir. Les prix élevés des biens de consommation, des services et des logements pèsent lourdement sur les ménages. Manger correctement est un privilège réservé aux nantis. Le citoyen lambda se retrouve contraint d’acheter des produits bon marché qui finissent par lui coûter cher au regard de la mauvaise qualité. Résultat, des enfants attrapent des maladies liées à une mauvaise alimentation.
Pour surmonter ces défis et encourager une croissance démographique durable, le Gabon doit renforcer ses politiques publiques. L’amélioration du pouvoir d’achat avec une augmentation du Smig, la revalorisation des allocations familiales, l’amélioration du système de santé, le développement de l’agriculture et la création d’emploi constituent une solution à cette faible démographie.