Gabon : l’UDB, renouveau ou recyclage politique en vue ?

Ce samedi 5 juillet 2025, le président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema a lancé officiellement son parti politique, « L’Union démocratqiue des Bâtisseurs », lors d’une assemblée générale constitutive au Palais des sports de Libreville. Cette initiative fait naître de vifs espoirs de la part des gabonais qui aspirent à une refondation politique post-Bongo. Le Chef de l’État va-t-il rompre avec les caciques ou composer avec eux dans cette néo configuration ?

Brice Clotaire Oligui Nguema, élu président de la République au terme du scrutin du 12 avril 2025, s’est présenté comme un candidat indépendant. Une posture qui lui a permis d’être majoritairement adoubé par les Gabonais assoiffés de rupture avec le système Bongo qui a dominé et enterré le Gabon pendant plus de cinq décennies. Son discours de « libération » et son mouvement « Rassemblement des Bâtisseurs » ont séduit une population lassée par la gouvernance du PDG. 

Parti des bâtisseurs, attention au retour du caciquat !

Il faut se le dire avec franchise et courage, les apparitions des barons du régime Bongo sous Omar et Ali inquiètent plus d’un. D’ailleurs, l’adhésion de figures historiques à la plateforme, telles que Paul Biyoghé Mba, ancien Premier ministre d’Ali Bongo, ou encore Guy Bertrand Mapangou et Jean Ping, soutiens du fondateur du Parti démocratique gabonais, interroge. Ces caciques, rejoints par d’autres comme Daniel Ona Ondo, semblent trouver dans le projet d’Oligui Nguema une opportunité de reconversion politique.

Cette intégration de « barons » du PDG suscite des critiques. Pour certains, comme l’opposant Jean-Rémy Yama, ce parti risque de devenir un « PDG bis ». Dans la même veine, Michel Ongoundou Loundah mettait en alerte contre une potentielle reconfiguration du « Parti unique ». D’ailleurs la fusion absorption de l’Union nationale initiale (UNI) de Paul-Marie Gondjout donnerait le ton. La crainte est donc de voir cette nouvelle force politique être une machine au service du président, reproduisant les pratiques clientélistes du passé. 

Si le président fondateur a assuré l’inverse dans son discours de circonstance, la présence de ces figures, associées à l’ancien régime, alimente le soupçon d’un recyclage politique. Pour le commun des gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema pourrait miser sur l’équilibre de son parti en promouvant de nouveaux visages. Il s’agit notamment de ceux issus de la jeunesse active politique ou de la société civile. Le but étant d’incarner le renouveau promis. La nouvelle loi sur les partis, réduisant leur nombre à 3 ou 4 au maximum vu les exigences inhérentes à la création ou la continuation des activités politiques, offre au Chef de l’État une occasion de restructurer le paysage politique et de marginaliser les formations fantoches. Les Gabonais attendent la suite et scruteront ses choix.