Gabon : l’opération Mouele offre un répit budgétaire, mais pour combien de temps ?

Alors que la dette publique gabonaise atteignait des sommets, l’exécutif a lancé un vaste plan de restructuration baptisé opération MOUELE. Avec plus de 1 400 milliards de FCFA mobilisés, cette manœuvre technique, saluée par les bailleurs de fonds, apporte un soulagement immédiat. Mais au-delà des effets d’annonce, de nombreuses incertitudes demeurent sur la soutenabilité à long terme de l’endettement du pays.
Un rééchelonnement massif pour alléger la pression à court terme. Dans leur communiqué conjoint du 28 avril 2025, Charles M’ba, ancien ministre des Comptes publics et de la Dette, et Mark-Alexandre Doumba, ministre de l’Économie à cette époque, se félicitaient du succès de l’opération MOUELE. Celle-ci repose sur trois leviers : le reprofilage de 592 milliards de FCFA de dette sur le marché de la CEMAC, la titrisation de 473 milliards de FCFA de créances bancaires, et la mobilisation de 338 milliards de FCFA de ressources nouvelles.
« Cette opération structurante a permis de faire passer la durée moyenne de remboursement de 2,3 ans à 6 ans », soulignent les deux ministres, mettant en avant un gain immédiat de trésorerie estimé à 494 milliards de FCFA. Dans un contexte où plus de 1 977 milliards de FCFA de dettes arrivaient à échéance entre 2025 et 2027, ce rééchelonnement apparaît comme une bouffée d’oxygène.
Une crédibilité restaurée, mais une vigilance de mise
Portée par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, cette réforme a renforcé la confiance des investisseurs. La participation volontaire de dix établissements financiers et l’engagement de partenaires internationaux tels que le FMI, la Banque mondiale ou encore l’AFD en sont la preuve.
Toutefois, ce succès technique n’efface pas les fragilités structurelles. La dette intérieure reste élevée (2 196 milliards de FCFA), les recettes hors pétrole stagnent, et les fondamentaux macroéconomiques restent vulnérables. Si l’opération « a permis d’assurer le respect des engagements du pays », elle ne saurait remplacer une réforme profonde du modèle économique.
Un test de rigueur pour le gouvernement de la transition
Alors que le Gabon s’apprête à négocier de nouveaux appuis budgétaires avec ses créanciers, les partenaires financiers attendent désormais des actes forts. L’État s’est engagé à poursuivre « une gestion rigoureuse, transparente et soutenable des finances publiques ». Mais comme le note un analyste économique proche du dossier, « le reprofilage évite la noyade, il ne garantit pas la traversée ».
À l’heure du bilan, l’opération MOUELE constitue un pas important vers la crédibilité financière. Mais sans diversification économique, amélioration des recettes fiscales et transparence accrue sur l’utilisation des ressources, ce sursis pourrait n’être que temporaire. Le vrai défi commence maintenant.
GMT TV