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Gabon : l’inscription de l’Okoumé à la CITES, une menace pour l’économie forestière

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L’Okoumé, essence stratégique du Gabon, représente 57% de la production forestière nationale et environ 70% de l’économie forestière. En 2023, sa production a atteint 2,17 millions de m³ sur une production forestière totale de 3,83 millions de m³, avec des livraisons aux usines s’élevant à 1,82 million de m³. Exportée principalement vers l’Asie et l’Europe, cette essence génère donc des revenus significatifs pour l’économie nationale. Dans ce contexte, la proposition de l’Union Européenne visant à inscrire l’Okoumé à l’Annexe II de la CITES, imposant des restrictions sur son commerce, menace cette industrie cruciale pour l’économie nationale.

En 2023, l’exploitation forestière a certes enregistré une baisse de 11,8% de sa production totale en raison des difficultés logistiques et d’une demande mondiale affaiblie, mais il n’en demeure pas moins qu’elle reste un pilier de  notre économie. L’exportation de l’Okoumé, qui constitue une part importante des recettes d’exportation du secteur bois, serait donc logiquement gravement compromise par des restrictions commerciales supplémentaires. D’autant qu’en termes d’emplois, le secteur forestier représente une source directe d’emploi pour plus de 10 000 personnes, sans compter les emplois indirects dans la chaîne de valeur, notamment le transport, la transformation et la logistique.

Un désastre pour notre économie

En souhaitant restreindre implicitement la production d’Okoumé, l’Union Européenne mettrait donc à mal tout un pan de notre économie. Même si elle revêt un caractère environnemental, une telle décision pourrait entraîner une hausse significative du chômage et mettre en péril des milliers de familles. Étant entendu que la contribution du secteur forestier au PIB non pétrolier du Gabon est essentielle, représentant notamment 41,9 milliards de FCFA en recettes fiscales en 2023, soit environ 0,3 % du PIB national selon la Note de conjoncture économique du Gabon 2024 de la Banque mondiale, cette décision aurait des conséquences désastreuses. 

Un coup dur à venir pour la ZES de Nkok

Par ailleurs, les exportations de bois transformé, notamment de contreplaqué, une spécialité gabonaise, sont également en danger. Si les restrictions sont appliquées, les pertes de revenus pourraient dépasser les 100 milliards de FCFA par an, compromettant les financements des services publics comme l’éducation et la santé, qui dépendent en partie des recettes issues du secteur bois. Des zones industrielles, comme la zone économique spéciale de Nkok, directement dépendantes de la disponibilité de l’Okoumé seront directement impactées. En 2023, ces unités ont reçu 1,82 million de m³ pour la production de contreplaqué, déroulage et placage, des produits largement exportés. C’est dire toute son importance. 

Une baisse de l’approvisionnement pourrait entraîner des fermetures d’usines et une perte de plusieurs milliers d’emplois industriels, mettant à mal la stratégie gabonaise de transformation locale. Cette situation aggraverait également la sous-utilisation des Concessions Forestières sous Aménagement Durable (CFAD), qui représentent 91 % de la production nationale et sont un modèle de gestion durable salué à l’international. L’inscription de l’Okoumé à l’Annexe II de la CITES constituerait donc un coup dur pour l’économie forestière gabonaise, touchant des milliers d’emplois, compromettant les recettes fiscales et affaiblissant les efforts de diversification économique. Un mal au sens large.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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