Gabon : l’inceste, une pratique entretenue par les règlements familiaux
Au Gabon, l’inceste demeure un sujet tabou profondément ancré dans certaines dynamiques familiales. Malgré les lois en vigueur criminalisant ces actes, la pratique perdure, souvent cachée sous le voile du silence. Ce phénomène est aggravé par le réflexe destructeur de privilégier des règlements internes au détriment des voies judiciaires.
Lorsqu’un cas d’inceste est révélé, il est fréquent que les familles choisissent de « protéger » leur réputation en évitant d’impliquer la justice. Entend-on souvent des phrases abjectes « veux-tu envoyer tel ou telle en prison ? ». Des agissements qui contribuent ainsi à la banalisation de ce crime. Car, les discussions se déroulent alors dans un cadre fermé, souvent entre les chefs de famille ou les aînés, qui se posent comme juges et arbitres.
Caresser le mal pour engendrer le mal !
C’est assurément la spirale dans laquelle sont plongées les parents et la victime lorsqu’ils acceptent de négocier avec le bourreau. Ces médiations aboutissent rarement à des sanctions adéquates pour les agresseurs. Pire encore, elles peuvent forcer la victime à pardonner, sous la pression familiale, ou à garder le silence pour préserver l’unité du clan. Sapristi ! Un système de règlement familial qui repose sur des considérations culturelles et sociales profondément enracinées.
Le poids de l’honneur familial, la peur du scandale public, et la méfiance envers les institutions judiciaires expliquent en grande partie cette pratique. Pourtant, en agissant ainsi, les familles privent les victimes de leur droit à la justice et à la reconnaissance de leur souffrance. Un schéma obscur selon Greta Clarielle Marat-Abyla Tchandi, présidente de la juridiction pour enfants près le Tribunal de première instance de Port-Gentil. « Régler une affaire d’inceste en famille entretient le mal. L’auteur n’est pas sanctionné. […] Elle se dit qu’elle peut recommencer », a-t-elle souligné.
L’inceste, un crime aux effets quasi irréversibles !
Par ailleurs, Greta Clarielle Marat-Abyla Tchandi a démontré que ce mode de tentative de résolution favorise l’impunité des coupables et perpétue un cercle vicieux de violences. « On ne protège pas la victime. Elle se sent incomprise avec un sentiment d’injustice. La suite c’est qu’elle grandira avec des blessures intérieures. Toute chose qui a impact sur sa future vie d’épouse et sa vie sociale […] Il est des cas où la victime peut même devenir bourreau car persuadée que la pratique est banale », a conclu la magistrate.
Ainsi donc, la lutte efficace contre ce fléau sociétal passe impérativement par la sensibilisation de la population sur la gravité de l’inceste et sur l’importance de dénoncer ces actes. Les autorités gabonaises, quant à elles, doivent renforcer les mécanismes de protection des victimes. Tout en réprimant sévèrement les pratiques de règlement familial qui entravent le processus judiciaire. Car, disons-le nous, seule une prise de conscience collective permettra de briser cette chaîne d’injustices et de protéger les générations futures.