Gabon : libérer le potentiel de l’économie forestière pour une croissance inclusive
Considéré comme l’un des principaux acteurs du secteur forestier en Afrique centrale, le Gabon détient un potentiel économique et écologique considérable grâce à sa vaste couverture forestière qui représente environ 88% de son territoire. Cependant, malgré des efforts pour encourager la transformation locale du bois et limiter les exportations de grumes, la contribution du secteur forestier au PIB et aux recettes publiques demeure bien en deçà de son potentiel. Dans un contexte de transition économique marqué par la nécessité de diversifier les sources de revenus au-delà du pétrole, le Gabon pourrait consolider sa position en tant que leader régional de la gestion durable des forêts et de l’industrie du bois pour une croissance inclusive.
Avec une superficie forestière estimée à 22 millions d’hectares, le Gabon abrite une part importante de la forêt du bassin du Congo, la deuxième plus grande forêt tropicale du monde. Cette ressource naturelle est d’une valeur inestimable non seulement pour la biodiversité mondiale, mais aussi pour l’économie locale. En 2023, le secteur forestier représentait environ 5% du PIB gabonais et générait plus de 11 000 emplois directs. C’était l’un des enjeux de la réunion de haut niveau sur les économies forestières durables du Bassin du Congo tenue le 19 décembre dernier. En partenariat avec la CEMAC et la COMIFAC, la Banque Mondiale a tenu à repréciser les enjeux liés à l’économie forestière.
Le Général Maurice Ntossui Allogo, ministre des Eaux et Forêts, de la Préservation de l’Environnement, chargé du Climat et du Conflit Homme-Faune, le Président de la Commission de la CEMAC, Baltasar Engonga Edjo’o, le Secrétaire Exécutif de la COMIFAC Hervé Martial Maidou, et le Directeur des Opérations de la Banque mondiale Cheick Fantamady Kante, ont largement passé en revue ces éléments capables de booster l’économie gabonaise. Des éléments également capables d’améliorer les conditions de vie des populations dans un contexte où plus de 30% vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Les défis fiscaux et environnementaux
Cette réunion, placée sous le signe de la coopération régionale, a donc permis de renforcer une approche programmatique commune pour des économies forestières durables dans le Bassin du Congo. Mais de nombreux efforts restent à faire. Si grâce à des mesures telles que l’interdiction d’exporter des grumes instaurée en 2010, le Gabon a réussi à augmenter la part des produits ligneux de seconde transformation dans ses exportations forestières, atteignant près de 65% des exportations totales de bois en 2022, près de 20% des recettes potentielles du secteur forestier échappent encore aux caisses de l’État, en raison de l’exploitation illégale, de la corruption et d’une gestion insuffisamment rigoureuse.
Le Gabon qui s’appuie principalement sur des outils fiscaux tels que la taxe d’abattage et les droits de sortie pour tirer parti de ses ressources forestières, devra encore accentuer les efforts pour maximiser les revenus tout en favorisant la durabilité. En 2022, les recettes fiscales provenant de l’exploitation forestière représentaient seulement 2% des recettes publiques totales et environ 0,5% du PIB. Mais l’industrie offre des opportunités considérables pour stimuler l’économie nationale et créer des emplois. Cependant, pour libérer pleinement le potentiel du secteur, le Gabon doit investir dans des infrastructures de transformation locale et renforcer les incitations fiscales pour attirer davantage d’investissements privés.
Une transition vers une foresterie durable
L’avenir du secteur forestier gabonais dépendra de sa capacité à conjuguer croissance économique et durabilité environnementale. À cet égard, le pays s’efforce de promouvoir une exploitation forestière responsable à travers des initiatives telles que la certification FSC (Forest Stewardship Council) et le développement de l’agroforesterie. Ces approches, combinées à une fiscalité mieux calibrée, pourraient permettre au Gabon de devenir un modèle de gestion forestière durable pour l’Afrique centrale.