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Gabon : Les traditions orales, une mémoire vivante en péril

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Les traditions orales constituent l’une des principales sources de l’historicité africaine et, partant, gabonaise. Pourtant, à l’ère du numérique et de l’urbanisation galopante, cette mémoire collective se trouve reléguée aux calendes grecques, mettant en péril sa richesse inestimable.

Autrefois omniprésentes dans la vie quotidienne des communautés, les traditions orales sont aujourd’hui menacées par plusieurs facteurs. L’essor des médias, des réseaux sociaux et des nouvelles tendances occidentales a considérablement réduit l’espace dédié à ces pratiques culturelles. « Nos jeunes ne connaissent plus les récits de leurs ancêtres. Il n’y a plus ces veillées où l’on se réunissait pour écouter les sages du village », déplore André Biyogo, chercheur en anthropologie.

Ce phénomène s’accompagne d’un désintérêt croissant des jeunes générations, qui privilégient désormais les contenus digitaux aux récits traditionnels. De plus, la disparition progressive des langues vernaculaires rend la transmission des savoirs ancestraux encore plus difficile.

Des efforts pour préserver un héritage menacé

Face à cette érosion culturelle, plusieurs initiatives voient le jour. Des artistes slameurs et conteurs, à l’instar de Jean-Félix Minko, s’efforcent de réinventer ces récits pour les rendre accessibles à la jeunesse. « Nous devons adapter notre patrimoine oral aux réalités modernes, à travers des spectacles, des performances scéniques et des productions audiovisuelles », explique-t-il.

Dans le même esprit, des associations et collectifs locaux organisent des festivals et représentations artistiques pour sensibiliser le public à la richesse de l’oralité gabonaise. Le système éducatif suit également cette dynamique, avec l’introduction progressive des langues locales dans les programmes scolaires.Vers une implication plus forte des autorités ? Malgré ces avancées, la survie des traditions orales reste fragile.

L’accessibilité aux événements culturels demeure limitée, et les initiatives privées peinent à toucher un large public. Pour beaucoup, seul un engagement plus fort de l’État permettrait d’assurer une transmission efficace et durable.« Il est temps de relancer des programmes tels que la Fête de la Culture, des concerts culturels ou encore des émissions dédiées aux traditions gabonaises », insiste Marie-Claire Ndong, enseignante et passionnée d’histoire orale.

Une telle politique permettrait non seulement de redonner à l’oralité sa place légitime, mais aussi de recréer une connexion entre les générations, essentielle à la préservation du patrimoine gabonais.L’enjeu est clair : si rien n’est fait, le Gabon risque de voir disparaître une part essentielle de son identité culturelle, emportée par les vents de la modernité.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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