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Gabon : les raisons de la suspension du dernier programme conclu avec le FMI

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En juillet 2021, le Gabon et le Fonds monétaire international (FMI) ont conclu un accord de 36 mois au titre du Mécanisme élargi de crédit (MEDC), pour un montant total de 553,2 millions de dollars. Ce programme visait à soutenir la reprise économique post-COVID-19 et à renforcer les bases d’une croissance durable. Cependant, en dépit de cette ambition, le programme a été suspendu après seulement deux revues en raison d’insuffisances notables dans sa mise en œuvre. Et pour cause, à l’approche des élections d’août 2023, les performances budgétaires du Gabon étaient délétères, elles se sont détériorées et les réformes structurelles ont stagné. 

En effet, sur les 16 repères structurels fixés pour 2022-2023, seul un a été atteint, témoignant d’une faible adhésion aux engagements pris. Parmi les principales défaillances identifiées, figurent l’absence de contrôles rigoureux sur les dépenses publiques, le manque de transparence dans la gestion budgétaire, et des retards dans la rationalisation des entreprises publiques. Ces lacunes, combinées à une augmentation des dépenses à caractère électoral avec plus de 100 milliards de FCFA décaissés en frais de campagne et autres, ont compromis la capacité du Gabon à respecter les conditions du programme. Une situation d’autant plus préoccupante que le FMI est le principal créancier du pays, représentant environ 10% de l’encours de la dette publique gabonaise. 

Si depuis septembre 2023, les autorités de la transition ont entrepris de corriger ces dérives à travers des réformes ambitieuses, en intégrant les revenus dans un Compte unique du Trésor (CUT), renforcé la numérisation des services publics et introduit une taxe foncière unique (TFU), ces mesures qui visent à améliorer la mobilisation des ressources internes et à renforcer la gouvernance n’ont pas encore réellement porté leurs fruits. Les partenaires techniques et financiers, notamment le FMI, continuent de souligner la nécessité d’une consolidation budgétaire et d’une gestion plus transparente pour garantir la viabilité des finances publiques.

Des défis structurels persistants malgré quelques avancées

Lors des consultations de mai 2024, le FMI a salué les avancées enregistrées tout en soulignant les défis structurels persistants. L’institution recommande notamment une meilleure gestion de la masse salariale, une publication systématique des contrats miniers et une comptabilisation exhaustive des actifs publics. L’amélioration de la gouvernance, essentielle pour restaurer la confiance des investisseurs et des créanciers, reste donc une priorité pour consolider la dynamique économique du pays. Avec une dette publique encore élevée et estimée à 8500 milliards de FCFA en 2024 et un besoin constant de financements externes, le Gabon doit impérativement redoubler d’efforts pour renforcer sa discipline budgétaire.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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