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Gabon : les médias interdits de scruter les sondages 8 jours avant la campagne !

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À l’approche des élections législatives et locales prévues pour le 27 septembre 2025, une disposition du Code de la communication gabonais rappelle les contraintes imposées à la presse. L’article 29 dudit Code, adopté en 2016, interdit formellement à tout organe de presse écrite, audiovisuelle ou numérique de publier ou commenter un sondage d’opinion dans les huit jours précédant les opérations électorales ou référendaires. 

C’est une mesure qui, en pleine ère numérique, soulève des débats sur la liberté d’expression et la transparence démocratique. Cette règle, loin d’être anodine, vise officiellement à préserver l’intégrité du scrutin en évitant toute influence sur l’électorat. L’idée est de créer un espace neutre où les citoyens votent en toute sérénité, sans être bombardés d’enquêtes d’opinion biaisées. Mais pour les professionnels de l’information, cette interdiction sonne comme un bâillon. 

La presse, spectateur des joutes électorales ?

Si pour les acteurs des médias cette disposition constitue une entrave à notre rôle de vigie sociétale. En ce sens que les sondages, quand ils sont rigoureux, informent le débat public et aident les électeurs à se forger une opinion éclairée. Pourtant l’article 29 ne s’arrête pas là. En cas d’élection à deux tours, comme c’est souvent le cas dans les sièges à multiples candidats, la publication ou le commentaire de sondages est également prohibé entre les deux scrutins. 

Une double interdiction qui, selon les observateurs, pourrait amplifier les soupçons de manipulation. Cette loi, héritage de l’ère Bongo père, n’a pas été révisée malgré les promesses de transition post-coup d’État du 30 août 2023. Aujourd’hui, avec l’essor des réseaux sociaux, l’application de la mesure pose un défi supplémentaire. Comment contrôler les publications sur X ou Facebook ? Les influenceurs échappent-ils à cette interdiction ?

Au sein de l’appareil gouvernemental, cette mesure apparaît comme un rempart contre la « désinformation ». D’ailleurs, l’État estime que la presse doit informer, pas spéculer. Cette lecture étatique protège la souveraineté du peuple gabonais. À quelques semaines du vote, cette interdiction relance le débat sur l’équilibre entre régulation et mutisme entretenu. Une équation qui hante les rédactions de Libreville, où le silence imposé risque de creuser le fossé entre élites et citoyens. 

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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