Gabon: les journaux la Calotte et Bazooka mis en garde par la HAC
Le vendredi 13 mai 2022, le Collège des Conseillers Membres de la Haute Autorité de la Communication (HAC), à l’occasion d’une plénière extraordinaire, a auditionné Monsieur Konaté KOMBE, directeur de la publication du journal Bazooka, qui représentait en même temps Monsieur Charles Steeve BIBALOU, directeur de la publication du journal la Calotte, également convoqué, mais empêché.
Cette audition fait suite notamment à la parution du journal la Calotte n° 194 du 03 mai 2022 et des dernières livraisons de l’hebdomadaire Bazooka, parmi lesquelles, son n° 17 du vendredi 22 avril 2022.
Par cette convocation qui relève de l’auto saisine (art. 36 de l’ordonnance créant la HAC), la Haute Autorité de la Communication, dans un élan de pédagogie, a tenu à rappeler aux responsables de ces deux titres leurs obligations professionnelles en matière de traitement de l’information et, surtout, à insister sur leur responsabilité suite aux dérives éthiques et déontologiques observées par le Régulateur dans les parutions susmentionnées.
S’agissant du journal la Calotte, le Collège des Conseillers Membres a particulièrement marqué son indignation au sujet d’un article visiblement injurieux, discriminant, calomnieux, truffé d’insinuations malveillantes et attentatoire à la dignité et à l’honorabilité de Monsieur Télesphore OBAME NGOMO, journaliste et Président de l’organisation patronale des médias (OPAM). Des agissements contraires aux dispositions des articles 44 et 87 de la loi n° 019/2016 du 09 août 2016, portant Code de la Communication en République gabonaise.
Concernant l’hebdomadaire le Bazooka, la HAC a signifié au directeur de la publication dudit journal, présent à l’audition, son inquiétude quant à la tournure éditoriale que prend progressivement le contenu de cette parution. Un contenu qui, au fil du temps, fait davantage le lit à l’injure et au dénigrement plutôt qu’au sacro-saint principe journalistique de la sacralité des faits. Une attitude que le Collège des Conseillers Membres condamne fermement, car de nature à mettre en péril la pratique démocratique au Gabon et le vivre ensemble.
Aussi, la Haute Autorité de la Communication a-t-elle dénoncé cette propension aux attaques confraternelles entre journalistes constatée ces derniers temps au Gabon ; tendance à laquelle les deux journaux convoqués sont également coutumiers.
En outre, la HAC a tenu à rappeler aux deux journaux incriminés que la liberté de la presse ne saurait s’accommoder de procédés liberticides consistant notamment à violer la vie privée des citoyens quels qu’ils soient, et à porter atteinte à leur dignité .
C’est ainsi qu’au cours de cette audition, les journaux la Calotte et Bazooka ont reçu une ferme mise en garde du collège des Conseillers Membres de la Haute Autorité de la Communication.
Par ailleurs, suite aux incessantes plaintes venant de la presse nationale, les Conseillers Membres ont saisi l’opportunité de cette plénière extraordinaire pour aborder la préoccupante question de l’accès à l’information publique par les journalistes. A ce propos, la Haute Autorité de la Communication tient à rappeler que toute entrave à l’accès à l’information publique constitue inévitablement un frein à la liberté de la presse, partant au droit légitime des citoyens à être informés.
Pour rappel, le droit à l’information, qui sous-tend le principe d’accès à l’information, est considéré depuis 1946 par la Résolution 59 de l’Assemblée générale des Nations Unies comme « un droit de l’homme fondamental et est le fondement de toutes les libertés adoptées par les Nations Unies ». C’est pourquoi, fort de ce qui précède, et notamment de sa mission qui est de veiller « à l’accès des citoyens à une communication libre » ainsi qu’à « la libre circulation de l’information et le libre accès à l’information », la HAC invite l’ensemble des administrations et autres structures politiques ou religieuses du pays à plus d’ouverture, de transparence et de collaboration avec les journalistes sollicitant des informations auprès de leurs services, à l’exception de celles dont la divulgation est proscrite par les textes en vigueur en République gabonaise.