Gabon : les enjeux du développement de l’IA dans le domaine de la propriété intellectuelle au cœur d’une conférence

Le jeudi 10 juillet 2025, la Chambre de commerce du Gabon a vibré au rythme d’une conférence débat marquante organisée par l’Office Gabonais de la Propriété Industrielle (OGAPI), en collaboration avec l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI). Ce temps fort s’est penché sur une thématique d’une grande actualité : la relation entre l’intelligence artificielle (IA) et la propriété intellectuelle, des enjeux d’innovation cruciaux pour l’avenir.
En présence du directeur général adjoint de l’OGAPI Éric Edouard Mbatchi, l’événement a réuni un public varié comprenant des représentants de PME/PMI, des start-ups, des juristes, des économistes, des chercheurs, des inventeurs ainsi que des acteurs de la sphère de l’innovation. Cette diversité d’expertise a permis un riche échange autour des enjeux de sensibilisation et de bonnes pratiques en matière de propriété intellectuelle, un domaine en pleine mutation à l’ère numérique.
Philippe Rodhain, expert international en droit de la propriété intellectuelle et mandataire européen, a animé la conférence. Il a mis en lumière les opportunités offertes par l’IA à la création, l’innovation, mais également les défis juridiques qu’elle suscite.
Comprendre les enjeux du développement de l’IA
Parmi les apports notables de l’IA, l’orateur a souligné une créativité augmentée permettant aux artistes, écrivains, musiciens et designers d’explorer de nouvelles avenues, d’accélérer leur processus créatif et d’accroître les revenus de leurs entreprises. Dans l’univers des brevets, l’IA a démontré son efficacité en facilitant la recherche d’antériorité, la détection d’infractions, ainsi que l’analyse de portefeuilles technologiques. De plus, l’IA démocratise l’accès à des outils de création autrefois réservés à une élite, rendant ainsi la propriété intellectuelle plus accessible.
Cependant, l’usage de l’IA n’est pas sans risque. Philippe Rodhain met en garde contre les dangers de la contrefaçon. À ce titre, il exhorte les créateurs à adopter des « prompe-créations », un terme qu’il utilise pour désigner des demandes précises formulées auprès de l’IA afin d’assurer une reconnaissance d’auteur.
Malgré ces avancées, le juriste a souligné que les enjeux juridiques demeurent majeurs. « En Amérique et en Europe, des efforts sont déployés pour encadrer l’utilisation de l’IA, mais en Afrique, nous avons encore un long chemin à parcourir », a-t-il indiqué. Les textes de loi actuels ne parviennent pas à correctement encadrer les créations non humaines. Interrogé sur la possibilité de reconnaître les IA comme auteurs d’une œuvre intellectuelle ou d’un brevet, Philippe Rodhain a fermement répondu par la négative, affirmant que « les IA ne peuvent pas être considérées comme inventeurs au sens de la loi sur les brevets ».
Cette conférence a ainsi permis de poser les bases d’un débat essentiel sur l’avenir de la propriété intellectuelle dans un monde où l’intelligence artificielle joue un rôle de plus en plus prépondérant, et a ouvert la voie à des réflexions profondes sur les réformes nécessaires pour protéger et encourager la créativité à l’ère numérique.
GMT TV