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Gabon : le vrai coût de l’aliment, comment SOGADA veut casser la dépendance au maïs et au soja importés

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Alors que l’aliment représente près de 75 % de ses charges, la Société gabonaise de développement agricole (SOGADA) affiche une ambition claire : réduire la dépendance du Gabon aux importations de maïs et de soja. Avec un projet de 5 000 hectares à Lastourville, l’entreprise dirigée par Hervé Patrick Opiangah veut casser un verrou financier et sanitaire qui plombe la compétitivité de la filière avicole nationale.

Quand l’aliment absorbe trois quarts du chiffre d’affaires. L’équation est brutale. Pour chaque franc généré par la SOGADA, 75 centimes partent dans l’achat d’aliments importés. « L’aliment, dans notre chiffre d’affaires, représente déjà 75 %. Il ne reste que 25 % pour couvrir les charges fixes et variables », explique Hervé Patrick Opiangah. Cette structure de coûts fragilise la rentabilité, expose aux variations des marchés internationaux et réduit la capacité de l’entreprise à stabiliser ses prix pour les ménages gabonais.

Dans un contexte où l’autosuffisance alimentaire est érigée en priorité nationale, cette dépendance aux importations pèse aussi lourdement sur la balance des paiements. Selon Opiangah, l’alimentation animale représente « près de 1,4 à 1,5 milliard de francs CFA d’importations annuelles » rien que pour son exploitation.

Lastourville, pari sur le maïs et le soja

Pour inverser la tendance, la SOGADA a obtenu 5 000 hectares dans la province de l’Ogooué-Lolo, du côté de Lastourville. L’objectif : produire localement du maïs et du soja à grande échelle, afin d’alimenter ses élevages et réduire la part des importations. « Si nous arrivons à ramener la charge alimentaire de 75 % à 40 ou 50 %, c’est tout le secteur agricole gabonais qui décolle », promet Opiangah.

Le projet, soutenu par les autorités et ouvert aux bailleurs de fonds, pourrait générer 1 000 emplois directs et jusqu’à 600 indirects. Au-delà de la SOGADA, il s’agit d’un enjeu national : substituer aux importations massives une production locale, gage de souveraineté alimentaire et de compétitivité accrue.

Vers des prix plus stables pour les ménages

La réussite de ce pari aurait des effets en cascade : baisse des devises sorties du pays, stabilisation des prix des œufs, du poulet et du porc, et renforcement du pouvoir d’achat des ménages. « Ce n’est pas seulement une question de rentabilité pour SOGADA, c’est un challenge national », conclut Opiangah.

En misant sur la terre pour réduire la facture des intrants, la SOGADA illustre comment l’agro-industrie gabonaise peut conjuguer performance économique et souveraineté alimentaire.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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