Gabon : le site sentinelle du CHR de Melen, un dispositif indispensable dans la lutte contre le paludisme

Le Gabon a célébré, ce 25 avril 2025, la Journée nationale de lutte contre le paludisme, une maladie qui reste l’une des principales causes de mortalité dans le monde, particulièrement en Afrique. À cette occasion, le Pr Marielle Bouyou Akotet, responsable du site sentinelle de Melen pour le diagnostic et la recherche médicale sur le paludisme, est revenue sur le rôle de ce dispositif essentiel.

Le paludisme affecte surtout les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans, considérés comme des populations vulnérables. Afin de lutter efficacement contre cette maladie et espérer atteindre l’objectif de réduction de 90 % des cas et des décès d’ici 2030, comme souhaité par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) a mis en place un réseau de surveillance basé sur des sites sentinelles.

Qu’est-ce qu’un site sentinelle ?

Implanté au sein du Centre hospitalier régional de Melen, dans le 5ᵉ arrondissement de Libreville, le site sentinelle est une entité du PNLP. « Le rôle du site sentinelle est de surveiller le paludisme dans tous ses aspects. La transmission, la fréquence des cas confirmés, la prévalence des formes simples et sévères, l’incidence chez la femme enceinte […] Ainsi que la surveillance du parasite, notamment sa sensibilité aux médicaments antipaludiques », a expliqué le Pr Marielle Bouyou Akotet.

Dépendants du PNLP, ces sites sentinelles sont déployés dans plusieurs provinces du pays. « Le PNLP a conclu des conventions avec des instituts de recherche implantés dans les provinces, au sein desquels les sites sont situés », a précisé le Pr Marielle Bouyou Akotet. À Libreville et dans le Woleu-Ntem, c’est l’Université des sciences de la santé (USS) qui est le partenaire du site sentinelle. Pour les villes de Tchibanga et de Lambaréné, il s’agit du Centre de recherches médicales de Lambaréné (CERMEL), pour ne citer que quelques exemples.

Un dispositif efficace mais encore peu connu

Il est important de rappeler que dans le cadre de cette surveillance, le diagnostic du paludisme est gratuit pour tous les patients fébriles consultant dans les sites sentinelles. L’objectif est d’aider les médecins à limiter la prescription abusive d’antipaludiques, phénomène à l’origine des résistances observées chez le parasite, a insisté la responsable du site de Melen.

Grâce à ce dispositif, entre 2009 et 2025, le site sentinelle implanté au Centre hospitalier régional de Melen a réalisé, au total 51 550 examens de goutte épaisse, soit entre 3000 et 5000 patients examinés par an. Le taux d’automédication chez les enfants a ainsi largement diminué, s’est félicitée le Pr Marielle Bouyou Akotet.