Gabon : Le gouvernement pourra-t-il mettre en œuvre le PNDT sans une réelle politique de désendettement ?
Le défi du désendettement est l’un des enjeux majeurs de la mise en œuvre du Plan National de Développement pour la Transition (PNDT). En dépit de la volonté affichée par le gouvernement gabonais de restructurer sa dette et de réduire son endettement, le pays continue de faire face à une pression financière croissante. Le Gabon reste encore fortement dépendant des revenus pétroliers, et bien que la diversification économique soit au cœur du PNDT, l’impact réel de ces efforts reste limité par des faiblesses structurelles et un manque d’investissements dans des secteurs clés.
Le gouvernement gabonais n’a pas mis en place des réformes fiscales significatives pour renforcer les recettes internes. Le système de collecte des impôts reste largement inefficace, avec une part importante des ressources fiscales non exploitées. La lente évolution des réformes économiques fait que le pays peine à réduire sa dépendance aux importations et à développer des industries locales. Bien que le gouvernement espère réduire sa dette par des efforts de diversification, la faible compétitivité de son secteur privé et les retards dans les projets industriels risquent de ralentir la génération de revenus suffisants pour un désendettement réel et durable.
L’assainissement des finances publiques, une nécessité
Une autre contrainte majeure à l’assainissement des finances publiques réside dans les dépenses publiques élevées. Le Gabon continue de faire face à une pression sociale croissante, notamment en matière de salaires dans le secteur public, des subventions multiples et des dépenses publiques non maîtrisées. L’augmentation des subventions, souvent accordées de manière non ciblée, contribue à un enflement des dépenses publiques sans créer de valeur ajoutée à long terme pour l’économie. Pour l’année 2025, les dépenses de biens et services augmenteront de 95 milliards de FCFA. Cette gestion inconsidérée de la dépense publique risque de rendre plus difficile l’assainissement des finances et d’aggraver le fardeau de la dette à moyen terme.
La restructuration de la dette reste donc une tâche ardue. Le Gabon doit à la fois convaincre ses créanciers de la viabilité de sa stratégie de remboursement tout en poursuivant des réformes internes. Les négociations avec le FMI et la Banque mondiale ont montré qu’il est difficile d’obtenir un soutien financier sans des preuves tangibles de réformes économiques profondes et de gestion rigoureuse des finances publiques. La question demeure donc : le Gabon pourra-t-il honorer ses engagements financiers tout en développant les infrastructures et les secteurs économiques nécessaires à sa diversification ?
La réussite du PNDT en matière de désendettement est incertaine si le pays ne parvient pas à réformer en profondeur son système fiscal, à maîtriser ses dépenses publiques et à créer des mécanismes de croissance durable. Tant que ces réformes fondamentales ne sont pas mises en place, l’ambition de réduire la dette et de financer les projets du PNDT restera fragile et sous risque. La COBAC en pointant du doigt le fait que le Gabon soit en dehors des critères de convergence de la CEMAC faisant peser des risques financiers accrus l’a bien démontré. Que va donc faire le gouvernement pour redresser la barre? Là est toute la question.