Gabon : le CTRI mis à mal par l’arbitraire de certains militaires
Si le coup de libération du 30 août 2023 a été salué par les populations gabonaises, il semble que 4 mois après, l’euphorie créée autour de ce changement de régime a violemment chuté. La faute à ce laisser-aller apparent du CTRI après les exactions mortelles infligées par certains agents de forces de l’ordre sur des civils. De Karl à Lionel en passant par les agents de la SEEG, la sécurité du plus grand nombre est désormais remise en cause par la toute-puissance des hommes en treillis censés protéger les citoyens.
Héros du peuple gabonais, à juste titre après 14 ans de prison à ciel ouvert sous Ali Bongo Ondimba et sa régente, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) tend à perdre ce statut de privilégié dans les consciences collectives à Libreville et même dans l’hinterland. Et pour cause, les dernières bavures policières relayées, témoignages à l’appui des victimes et de leurs proches, jettent du discrédit sur la méthode des militaires. Jadis aux ordres sous la Young Team, nos militaires semblent se découvrir un talent de tortionnaire qui s’accommode mal avec la mission de la transition.
Le Gen. Oligui Nguema fragilisé par ses hommes ?
C’est la question qu’il convient de se poser au regard des actes peu élogieux voire inhumains posés par ces héros, soulevés jusqu’au panthéon de l’estime par les populations. Seulement, 4 mois après, cette idylle naissante qui mettait un terme à la réputation insane sous la démocrature Bongo-PDG, vit déjà une crise profonde. Toute chose qui semble justifier l’amour imparfait qui a souvent rythmé cette cohabitation. Pourtant, devant la communauté nationale et internationale, le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema défend un message rassurant et prône le respect des libertés individuelles ainsi que le dialogue.
Quoi de plus demander à un Omarien assumé qui entend tirer le bon côté de Feu Omar Bongo Ondimba pour créer sa méthode. Et jusqu présent, la mayonnaise prenait allègrement. Les populations se retrouvaient à rêver d’une vie sans insécurité avec une armée qui s’évertue à les protéger de la menace étrangère mais d’abord et surtout de la délinquance qui avait atteint un stade inquiétant. Seulement, c’est de l’agent d’armée qu’il faut éviter de se frotter. De peur qu’il verse dans l’abus d’autorité comme avec Karl. Le couvre-feu devenant l’alibi pour « ôter la vie d’autrui ». Lionel Rokewa à Port-Gentil aurait pu en faire le témoignage s’il avait survécu de ses coups mortels reçus.
La discipline dans la terreur ?
Lors de son voyage en terre états-unienne, le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema a rappelé l’intérêt d’implémenter la discipline comme levier essentiel de la réussite de cette transition militaire. Il s’agit dès lors d’amener tout un chacun à réaliser sa tâche en temps et en heure afin de permettre au Gabon de recouvrer sa lueur d’antan. Quant au Gabonais, le fruit immédiat sera la dignité. Tant dans l’emploi que dans le traitement au sein de nos services publics et privés. Autant dire, une mutualisation d’efforts dans une paix sociale retrouvée.
Toutefois, cet idéal républicain cher aux pères fondateurs du Gabon et au CTRI ne se conjugue pas avec la violence. D’ailleurs, ne dit-on pas qu’un ordre mal donné ne devrait pas être exécuté ? Ainsi donc une injection arbitraire d’un militaire envers un civil ne devrait pas prospérer. Au nom de cette noble mission qu’il s’est assigné de remettre au goût du jour les principes directeurs du cubisme, il est inconcevable que le Comité pour la transition et la restauration des institutions demeure dans un profond mutisme face à la gangrène. La mise sous mandat de dépôt des militaires impliqués dans le décès de Karl est un bon signe.