Gabon : la petite leçon de droit de l’UDIS à la Justice «instrumentalisée»

Face aux incohérences relevées dans le traitement de l’affaire Hervé Patrick Opiangah, l’Union pour la démocratie et l’intégration sociale (UDIS) a livré, ce jeudi 22 mai 2025, une véritable démonstration juridique. Citant le Code de procédure pénale et civile gabonais, le parti politique tire la sonnette d’alarme sur une justice qu’elle soupçonne d’être orientée, au mépris des principes d’indépendance, d’impartialité et d’égalité.
Dans une déclaration percutante adressée à l’opinion publique nationale et internationale, l’UDIS a interrogé, textes à l’appui, la légitimité du maintien des poursuites contre son leader, Hervé Patrick Opiangah. Pointant du doigt « un système judiciaire qui semble plier sous des influences extérieures », la formation politique a ouvertement questionné la base légale de la récente décision de la chambre d’accusation, qui a refusé de prononcer un non-lieu dans une affaire pourtant vidée de toute substance.
« Le peuple vous regarde », prévient l’UDIS, s’adressant au président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, qu’elle exhorte à garantir l’indépendance des institutions. L’affaire, qui impacte plus de 6 500 salariés de HPO & Associés, selon le parti, serait désormais un test pour l’État de droit au Gabon.
Des textes clairs, une jurisprudence ignorée ?
Pour étayer sa position, l’UDIS rappelle l’article 163 du Code de procédure pénale, qui permet au juge d’instruction de déclarer un non-lieu dès lors qu’aucune charge n’est retenue. Une disposition que le Procureur général lui-même avait invoquée pour admettre que « le non-lieu s’impose ». Pourtant, contre toute attente, la chambre d’accusation a ordonné la poursuite de l’information judiciaire.
« Comment justifier le refus du non-lieu dans un dossier sans délit, sans victime et sans charge ? », s’interroge le parti, qui rappelle que la plaignante présumée a nié les faits, a été placée en garde à vue, puis a elle-même porté plainte contre son diffamateur. Dans ce contexte, « persister dans la poursuite relève d’un acharnement judiciaire », estime un juriste proche du dossier.
La comparaison avec l’affaire Bongo ravive le soupçon d’une justice à deux vitesses
L’UDIS enfonce le clou en comparant la situation de son président à celle de Sylvia et Noureddin Bongo. Selon un article de RFI cité dans la déclaration, ces derniers ont été remis en liberté et attendent leur procès en Angola, malgré une instruction déjà clôturée. Un « traitement différencié » qui, pour l’UDIS, remet en cause le principe d’égalité devant la loi.
« Pourquoi exiger l’audition de M. Opiangah avant de clore l’instruction, alors que d’autres justiciables sont déjà renvoyés devant la justice en leur absence ? », interroge la formation, qui voit dans cette différence de traitement les signes d’un dysfonctionnement profond de la machine judiciaire.
Un appel à l’éthique républicaine et à la conscience judiciaire
En concluant sa déclaration, l’UDIS rappelle les fondements du droit : la présomption d’innocence, l’impartialité du juge, et l’indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif. Citant Martin Luther King Jr., le parti affirme « refuser de croire que la banque de la justice a fait faillite ».
« Ce n’est pas seulement Opiangah que l’on juge, c’est l’intégrité de la justice gabonaise que l’on expose », résume un cadre de l’UDIS. Une « petite leçon de droit » adressée à ceux qui confondent autorité judiciaire et instrument politique. Une prise de position qui pourrait bien raviver le débat sur les réformes attendues au sein de l’appareil judiciaire de la transition.
GMT TV