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Gabon : Junior Ndong Ndong sommé de mettre un terme «aux rituels sacrificiels impliquant des effusions de sang»

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Dans un communiqué empreint de gravité, les sociétés autochtones de Libreville, Mpongwe, Benga, Sékiani et Akèlè, ont publiquement adressé une mise en garde formelle au président du Conseil national des rites et traditions du Gabon Junior Xavier Ndong Ndong. En cause : un « rituel sacrificiel » organisé le 9 mars 2025 sur les côtes de Mbangwe, en face de la résidence de l’ambassadeur de France, au cours duquel neuf coqs auraient été égorgés. Des images largement diffusées sur TikTok ont scandalisé les gardiens spirituels de l’Estuaire, qui dénoncent une profanation des sites sacrés.

« Une souillure grave et intolérable ». Dans une lettre d’avertissement datée du 12 mai 2025 et signée par les représentants des peuples autochtones, Junior Ndong Ndong est sommé de cesser immédiatement toute pratique rituelle impliquant des effusions de sang dans les eaux de l’Estuaire. « Ces actes constituent une souillure grave et intolérable », peut-on lire dans le document, qui reproche à l’intéressé d’avoir agi sans aucune légitimité rituelle ni autorisation coutumière.

Pour les communautés concernées, il ne s’agit pas d’un simple manquement protocolaire : les pratiques spirituelles en lien avec les génies des eaux sont codifiées, ancestrales et strictement encadrées par les sociétés initiatiques locales. Toute entorse à cet équilibre met en danger, selon elles, l’harmonie entre les hommes, la nature et les forces invisibles qui régissent ces espaces.

Interdiction formelle et rappel à l’ordre

Réunies en conclave le 11 mai à la chefferie No’Mpolo-Éka, les femmes issues de ces sociétés ont décidé de rendre publique leur position via un communiqué à paraître dans L’Union, l’un des principaux quotidiens du pays. L’interdiction est désormais claire : « Il est strictement interdit de procéder à tout rituel impliquant une effusion de sang dans les eaux de l’Estuaire sans l’aval explicite des gardiens légitimes des lieux. »

Le message adressé à Junior Ndong Ndong est sans équivoque : « Vous êtes libre de conduire ce type de pratiques dans votre propre contrée, mais non sur des terres qui ne vous appartiennent ni spirituellement ni historiquement. »

Entre liberté d’expression culturelle et respect des traditions

Ce rappel à l’ordre soulève une question de fond dans le débat public : jusqu’où peut aller la performance ou la revendication culturelle sans heurter les traditions ancestrales ? Dans un contexte où les rites, les croyances et les appartenances sont parfois instrumentalisés ou mal compris, cette affaire met en lumière la nécessité d’un dialogue apaisé entre modernité rituelle et autorité traditionnelle. Une alerte que les autorités gabonaises seraient bien inspirées de considérer, au moment où la Cinquième République se veut également gardienne des héritages spirituels du pays.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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