Gabon : Jean Valentin Leyama critique le recours à un prêt de 100 milliards de FCFA auprès de Cargill
Le choix du gouvernement gabonais d’emprunter 100 milliards de FCFA auprès de Cargill, leader mondial du négoce des matières premières, pour financer le développement rural, soulève des interrogations au sein de la classe politique. Jean Valentin Leyama, député de la transition et membre influent des commissions parlementaires liées aux finances et à la planification, n’a pas manqué de critiquer cette décision.
Comparant cet emprunt contracté par l’Etat gabonais auprès de Cargill à une solution désespérée, Jean Valentin Leyama a vivement réagi : « Emprunter 100 milliards de FCFA à Cargill, N°1 mondial du négoce des matières premières, l’une des firmes les plus opaques de la planète, non cotée en Bourse, pour financer le développement rural, ça ressemble à un fonctionnaire hyper-endetté, qui, après avoir épuisé tous les guichets classiques, se résigne à recourir à un usurier pour financer la construction de sa maison d’habitation. Kieee, Gabon ».
Cette déclaration souligne le scepticisme entourant le choix de Cargill, une entreprise souvent critiquée pour son manque de transparence et ses pratiques commerciales.
Une alternative critiquée mais nécessaire ?
Le gouvernement justifie cet emprunt par l’urgence de relancer le développement rural, un secteur crucial pour diversifier l’économie gabonaise. Toutefois, l’opacité qui entoure Cargill et les conditions d’un tel emprunt inquiètent. « Pourquoi ne pas recourir à des partenaires multilatéraux ou à des institutions régionales pour un financement plus structuré et moins risqué ? » s’interroge un économiste proche du dossier.
Jean Valentin Leyama va plus loin en remettant en question la pertinence de ce type de financement. « Ce type de financement n’est pas adapté aux opérations de développement durable, à la fois en termes de coût et de durabilité. Des financements adaptés sont disponibles auprès des bailleurs multilatéraux : BIRD, BAD, AFD, BID, BADEA, auxquels le Gabon a aujourd’hui difficilement accès en raison des arriérés de paiement », a-t-il martelé.
D’ailleurs, un projet quasi similaire, le PODIAG, avait déjà été lancé en 2012, sous le magistère de Raymond Ndong Sima, Ministre de l’Agriculture, sur financement AFD, poursuit le député de la Transition. « Quels en sont les résultats ? Avons-nous atteint l’autosuffisance alimentaire ? Les campagnes sont-elles sorties de la pauvreté ? Enfin, ce financement ne vise-t-il pas en arrière-plan à contourner le FMI en vue de renflouer les caisses de l’Etat ? », se questionne-t-il.
Des risques pour l’avenir Gabon ?
Pour Jean Valentin Leyama, cette décision pourrait fragiliser encore plus les finances publiques du Gabon, déjà marquées par un taux d’endettement élevé. « Ce type de partenariat, s’il n’est pas parfaitement encadré, pourrait exposer notre pays à des conditions financières défavorables sur le long terme », a-t-il conclu.
Face à ces critiques, le gouvernement devra clarifier les termes de cet emprunt pour rassurer l’opinion publique et garantir qu’il s’inscrit dans une perspective de développement durable et équitable.
GMT TV