Gabon: hausse de la masse salariale, l’aveu d’échec du gouvernement de transition
La récente hausse de la masse salariale, désormais chiffrée à plus de 771 milliards de FCFA, soulève des inquiétudes croissantes et met en lumière les défis majeurs auxquels le gouvernement de transition est confronté. Alors que le pays sort lentement des impacts économiques de la pandémie de COVID-19 et d’une gestion scabreuse du régime déchu, cette augmentation suscite des questions sur la viabilité budgétaire et l’efficacité des réformes économiques en cours.
Le Gabon a traversé une période difficile, avec une contraction de l’économie de 1,9 % en 2020 due à la pandémie. Toutefois, des signes de reprise ont été observés en 2021, avec une croissance estimée à 1,5 %, principalement tirée par les secteurs minier, du bois et de la construction. Cette reprise s’est poursuivie timidement en 2022 et 2023. Le Fonds monétaire international (FMI) a d’ailleurs salué cette reprise, notamment grâce à la hausse des prix du pétrole qui a contribué à renforcer les positions budgétaire et extérieure du pays. Mais, cette embellie ne semble pas être suffisante pour justifier la hausse significative de la masse salariale.
La décision d’augmenter la masse salariale, bien que potentiellement bénéfique pour le pouvoir d’achat des fonctionnaires, soulève des préoccupations sur sa durabilité. En effet, cette hausse intervient à un moment où le pays doit encore faire face à des défis budgétaires importants, notamment des subventions aux carburants et une inflation galopante qui touche les denrées alimentaires. Les ressources financières devraient prioritairement être orientées vers des investissements structurants et des programmes de soutien aux plus vulnérables, plutôt que vers une augmentation des salaires.
L’échec d’une gestion prudente
Le gouvernement de transition, censé stabiliser l’économie et préparer le pays pour des élections présidentielles imminentes, semble privilégier des mesures à court terme qui pourraient compromettre la santé économique à long terme. L’augmentation de la masse salariale, sans un plan de financement clair, est révélatrice d’une gestion budgétaire imprudente. Les experts s’inquiètent que cette approche puisse aggraver les tensions fiscales et nuire à la capacité du Gabon à faire face aux chocs économiques futurs.
Incertitudes et risques à l’horizon
Les perspectives économiques du Gabon sont marquées par de nombreuses incertitudes. La guerre en Ukraine, la lenteur de la vaccination contre la COVID-19 et les tensions sociales potentielles à l’approche des élections constituent des risques qui pourraient perturber la reprise. La hausse des salaires, sans une stratégie de financement adéquate, pourrait exacerber ces problèmes en augmentant les dépenses publiques à un moment où des économies sont nécessaires.
Cette hausse de la masse salariale apparaît donc comme un symbole des échecs du gouvernement de transition. Au lieu de mettre en place des réformes durables et de renforcer les bases économiques du pays, cette décision semble s’inscrire dans une logique de gestion à court terme, risquant de compromettre l’avenir économique du Gabon. Pour restaurer la confiance et assurer une croissance inclusive, le gouvernement doit adopter une approche plus prudente et orientée vers des réformes structurelles essentielles.