Gabon–Guinée équatoriale : après l’arrêt de la CIJ, les Gabonais entre colère, résignation et indignation

Depuis la lecture, ce 19 mai 2025, de l’arrêt de la Cour internationale de Justice (CIJ) dans le contentieux frontalier opposant le Gabon à la Guinée équatoriale, les réactions ne cessent d’affluer sur les réseaux sociaux. La décision, qui consacre la souveraineté de Malabo sur plusieurs îles disputées, dont Mbanié, Cocotier et Conga, a déclenché une vague d’émotions mêlant colère, consternation et remise en cause de la stratégie défensive adoptée par les autorités gabonaises.
Pour Willi Arnauld Mbou, la décision de la CIJ démontre rétrospectivement la justesse de l’approche diplomatique prudente adoptée par le feu président Omar Bongo Ondimba : « Il avait compris avec sagesse que le problème ne devait pas être traité devant des juridictions car le Gabon n’avait pas d’arguments juridiques recevables », estime-t-il, évoquant la convention de Bata comme tentative de règlement amiable. Un sentiment partagé par plusieurs internautes qui regrettent le choix d’une voie judiciaire dans un dossier où les preuves gabonaises semblaient fragiles.
Un manque de sérieux dans la préparation du dossier ?
Plusieurs critiques se sont focalisées sur l’amateurisme supposé de la délégation gabonaise. Tondiniva Agaims Agaya s’interroge : « Comment peut-on partir à la guerre sans documents fiables ? » Une question qui prend tout son sens au regard des arguments rejetés par la CIJ, notamment une « photocopie contestée » qualifiée par Eya Obame Michaël Taylor de « document sans valeur probante ». Ce dernier va plus loin : « C’était un DEAL entre les deux anciens présidents, rien de plus. »
Tariq Abdoulaziz, quant à lui, ironise cruellement sur le niveau des représentants gabonais : « Ils ont cru que c’était le contentieux électoral au Gabon. » Même tonalité sarcastique chez John Obounou : « Nous ne sommes que des sujets. Les colons ont décidé, nos autorités exécutent. »
La perte de souveraineté et le sentiment d’abandon
Au-delà de la critique technique, c’est un sentiment profond de dépossession qui s’exprime. Brunelle Larissa résume la stupeur collective : « Ces documents ont été vendus ou quoi ? » Pour Vivien Amos Pea, la décision de la CIJ est une défaite juridique lourde, mais incontestable : « L’arrêt est définitif et sans appel. » Seule une révision ou une interprétation du jugement pourrait encore être envisagée.
Une humiliation nationale et un réveil institutionnel attendu
Plus qu’un revers diplomatique, cette affaire est perçue comme un révélateur du délabrement des institutions. Elle met en lumière une diplomatie mal outillée, une administration juridique dépassée, et des choix politiques hasardeux.
Si le Gabon sort affaibli de cette confrontation juridique, la clarté de la sentence invite aujourd’hui à une introspection collective sur la manière de défendre la souveraineté nationale. Pour beaucoup, cette défaite doit sonner l’heure du réveil – politique, institutionnel, et surtout patriotique.
GMT TV