Gabon : grève ou chantage aux Travaux publics pour nuire à la mise en place de la régie ?
Moins d’une 48 heures après avoir réceptionné avec faste des engins de génie civil indispensables à la reprise de leurs activités et donc de la régie, certains agents des travaux publics ont entrepris d’entamer un mouvement de grève pour revendiquer une prétendue « prime de rendement ». Une attitude tout de même incompréhensible tant les négociations entre le Général Flavien Nzengui Nzoundou et les partenaires sociaux n’ont jamais été rompues.
Elle n’est pas passée inaperçue la levée de boucliers de 3 des 7 syndicats du ministère des Travaux publics, en l’occurrence le Syfo-TP, Syna Pro BTP et AT/SOS TP, le mardi 26 novembre dernier. Une grève en guise d’avertissement portant sur un élément de leur cahier de charges vieux de 2020. Au nombre des points phares, l’acquisition de matériel de génie civil pour permettre aux agents d’enfin se remettre en branle. Ce qui découlerait sur le paiement de la prime de rendement.
La grève, un outil de dissuasion aux Travaux publics ?
C’est la question aux bouts de toutes les lèvres des observateurs de la grève déclenchée en trombe aux Travaux publics. Joint par nos soins aux fins de s’enquérir des motivations de cette levée de boucliers qui s’est manifestée en violation évidente du droit de grève reconnu par la loi fondamentale, les dirigeants du Syfo-TP et Syna Pro BTP ont indiqué être en déplacement vers l’intérieur du pays. Ce qui n’a pas facilité le recueil d’informations. De son côté, AT/SOS – TP a pointé du doigt quelques faits en lien avec la prime de rendement sans fondement légal.
« La prime de rendement est le nœud gordien […] Le ministre Balonzi avait mis une commission en place. Et cette commission était censée trouver des solutions à ce problème-là. […] Lorsque la transition est arrivée, le ministre actuel ne veut rien entendre. Il ne veut même pas discuter avec les partenaires. Pour qu’il le fasse, on doit mettre une petite pression et là, on va se mettre sur la table », a résumé le leader syndicat. Pourtant, des sources sûres révèlent que la mise en place d’une commission du dialogue social se réunirait tous les vendredis.
Une grève finalement illégale aux Travaux publics !
Toujours dans l’optique de se faire entendre, les grévistes vont décider de violer les dispositions de la loi n°18/92 du 18 mai 1993 fixant les conditions de constitution et fonctionnement des syndicats des agents de l’État en l’occurrence les articles 22 et suivants sur l’exercice du droit de grève. En fermant les bureaux des agents non grévistes, barricadant les portails et en paralysant complètement l’activité, le Syfo-TP, Syna Pro BTP et AT/SOS TP se mettent en porte-à-faux avec la loi, en n’ayant pas observé de service minimum. Leur grève est donc revêtue du sceau de l’illégalité en vertu de l’article 23 de ladite loi.
Par leur action, la programmation du déploiement des nouveaux équipements revendiqués n’a pas été effectuée. Sapristi ! Une atteinte flagrante qui ne devrait pas rester impunie selon Jean Bosco Boungoumou Boulanga, leader de l’organisation des personnels du secteur de l’équipement (Onpesse). « Le droit de grève est encadré par la loi, et rien ne permet de priver ceux qui veulent travailler de leur liberté. Ce comportement relève du chantage et mérite des sanctions », a-t-il déploré.
Qui en veut à la régie des Travaux publics ?
Depuis plus de 14 ans, les agents du ministère des Travaux publics ont dénoncé corps et âme l’immobilisme des autorités publiques dans la prise en compte de leur principale revendication : l’acquisition des équipements de génie civil. Un point épongé par le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema sur requête du Général Flavien Nzengui Nzoundou désireux de rendre le département qu’il administre autonome et performant afin de mériter ladite prime de rendement.
Seulement, selon les professionnels des TP dont Jean Claude Kombo, tout semble fait pour empêcher le retour d’une vraie régie. « Après des années sans matériel, nous pouvons enfin travailler. Pourquoi empêcher son déploiement ? Il y a anguille sous roche », a-t-il indiqué. Le hic serait peut-être que l’acquisition des capacités opérationnelles aux TP met à mal le businessman de leur administration. En ce sens que les TP n’auront plus recours aux sous-traitants et stoppera les bakchichs.
Pour l’heure, la grève a été suspendue jeudi 28 novembre dernier après l’implication personnelle du membre du gouvernement donnant des garanties d’une reprise des pourparlers autour de ladite avec les services du Budgetprime. Cet épisode remet au goût du jour l’impérieuse nécessité d’organiser des élections professionnelles afin que les délégués syndicaux soient capables de porter devant leur interlocuteur, à savoir l’administration, des revendications légitimes pour garantir un climat pacifique. Nous y reviendrons !