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Gabon : exfiltration de la famille Bongo, sortie peu convaincante de Barro Chambrier !

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Alors que la presse privée, nationale comme internationale, bruisse d’analyses, de révélations et d’indignation autour du départ nocturne d’Ali Bongo Ondimba et de sa famille pour Luanda en Angola, le gouvernement, lui, se terre dans un silence glacial. Ce mutisme, à la limite du mépris, trahit le contrat moral scellé entre gouvernants et gouvernés au lendemain de l’élection présidentielle du 12 avril 2025.

Un gouvernement qui ne parle que quand il veut, pas quand il faut. Depuis l’annonce de la mise en liberté provisoire de Sylvia Bongo Ondimba et de Noureddine Bongo Valentin, puis leur exfiltration vers l’Angola, le peuple gabonais attend. Attend une parole claire, une explication franche, un minimum de respect de la part de ceux qui, hier encore, promettaient rupture, vérité et restauration des institutions.

En lieu et place, c’est la traditionnelle lecture aseptisée du communiqué final du Conseil des ministres par Laurence Ndong, porte-parole du gouvernement, qui tient lieu d’unique expression publique. Un exercice devenu purement technocratique, totalement déconnecté des préoccupations réelles d’un peuple qui a voté à plus de 94,85% pour le président Brice Clotaire Oligui Nguema, croyant signer la fin de l’impunité.

Où est passée la parole de Séraphin Akure-Davain ?

Plus choquant encore : le silence abyssal du ministre de la Justice, Séraphin Akure-Davain. Celui-là même qui, dans l’hémicycle, savait manier l’art oratoire avec panache lorsqu’il s’agissait de répondre à Alain-Claude Bilie-By-Nze, s’efface aujourd’hui derrière une opacité institutionnelle déroutante. Sur un dossier aussi symbolique que celui de la famille Bongo, figure totem de la prédation et du dévoiement des institutions, aucune prise de parole. Pas un mot. Rien. Ce silence, dans un contexte aussi explosif, confine à l’irresponsabilité.

Une sortie politique tardive et insuffisante. Certes, le vice-président du gouvernement, Alexandre Barro Chambrier, s’est exprimé ce samedi 18 mai sur les ondes de Radio France Internationale. Il a tenté d’écarter tout lien de causalité entre la réintégration du Gabon à l’Union africaine et l’exfiltration de la famille Bongo. Mais sa déclaration, trop prudente, trop floue, ne suffit pas à éteindre l’incendie. À aucun moment, il ne répond sur le fond. À aucun moment, il ne justifie l’absence de communication officielle antérieure. À aucun moment, il ne se fait l’écho de l’indignation légitime d’un peuple qui exige des comptes.

Cette intervention, si elle marque une timide tentative de clarification, reste largement en deçà des attentes. Le peuple gabonais, qui s’est massivement exprimé dans les urnes en faveur du président Oligui Nguema, n’a pas voté pour des silences gênés et des explications diplomatiques. Il a voté pour la justice. Pour la vérité. Pour la fin de l’impunité.

La République en sursis

Dans toute démocratie digne de ce nom, un tel événement, la libération silencieuse et le départ à l’étranger de prévenus dans une affaire d’État, aurait entraîné des explications publiques immédiates, des prises de responsabilité politiques, voire des démissions. Au Gabon, rien. Et cela commence à peser lourd sur la crédibilité d’un régime qui se veut nouveau.

Si ce silence se prolonge, il risque de ruiner le capital de confiance dont dispose encore la cinquième République. Une République qui se voulait celle de la restauration, mais qui pourrait rapidement ressembler à une pâle reproduction des précédentes. Il est temps que le gouvernement parle. Et qu’il parle vrai. Faute de quoi, le peuple gabonais pourrait finir par penser qu’il a voté pour le changement… mais qu’on lui a livré la continuité.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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