Gabon : et si on arrêtait les au revoir présidentiels à l’aéroport ?

À chaque départ à l’étranger du Président de la République, la scène se répète inlassablement à l’aéroport international de Libreville : hauts responsables civils et militaires alignés, parades d’honneur, limousines officielles et poignées de main sous les projecteurs. Une mise en scène millimétrée pour une image de prestige. Mais à l’heure où le pays appelle à la rupture avec les pratiques anciennes, faut-il vraiment continuer à sacrifier du temps, de l’argent et du personnel pour ce rituel protocolaire devenu hors-sol ?
Une tradition dépassée, des coûts bien réels. Le départ du chef de l’État pour Rome, ce 15 mai, en vue d’assister à la messe d’inauguration du pontificat du Pape Léon XIV, a une fois de plus donné lieu à cette grand-messe protocolaire au salon d’honneur. Pourtant, cette tradition n’est ni une exigence républicaine, ni une pratique universelle. Au Sénégal, le nouveau président Bassirou Diomaye Faye l’a d’ailleurs suspendue dès son arrivée au pouvoir, considérant qu’un État moderne ne devait pas s’encombrer de tels artifices.
En effet, mobiliser une demi-douzaine de ministres, une trentaine d’officiers supérieurs, des véhicules administratifs sur plusieurs kilomètres et du personnel de sécurité, tout cela pour… dire « bon voyage », relève d’un autre temps. Sans parler du coût logistique : carburant, primes de mission, frais de coordination, mise en place du dispositif sécuritaire. Pendant ce temps, dans certaines écoles, les enfants font toujours leurs besoins derrière les salles de classe faute de sanitaires dignes de ce nom. Dans certains hôpitaux départementaux, des patients attendent un tensiomètre ou un simple drap propre.
Et si la rupture commençait là ?
Les cérémonies d’adieu à l’aéroport n’ajoutent rien à l’exercice de la souveraineté ni à l’efficacité de l’État. Le Gabon ne serait ni moins respecté ni moins démocratique si le Président de la République quittait le pays sans avoir à recevoir les hommages de ses généraux à chaque déplacement. Ce n’est pas l’absence de haie d’honneur qui remettra en cause l’autorité présidentielle.
Ce serait, au contraire, un signal fort d’une République plus sobre, plus moderne, plus proche des réalités. Une République qui préfère investir dans l’eau potable à Lébamba plutôt que dans les petits fours de l’aéroport Léon-Mba. Une République qui ne confond pas solennité et simulacre.
Monsieur le Président, montrez l’exemple. Supprimez les adieux à l’aéroport. Le peuple gabonais ne vous en tiendra pas rigueur. Bien au contraire.
GMT TV