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Gabon : entre réduction de la dette et maintien d’un train de vie dispendieux

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L’incident de paiement par le Gabon d’une échéance de 17 milliards de Fcfa en janvier dernier suivi quelques jours plus tard de la dégradation de la note souveraine du pays par l’agence de notation Fitch Ratings, a introduit le débat sur la dette dans le champ politique, alimentant ainsi le spectre d’une course vers la banqueroute. De quoi obliger le ministère des Comptes publics et de la dette à multiplier les sorties, afin de tenter de rassurer l’opinion nationale.

Selon la Direction générale de la dette (DGD), le pays aurait remboursé à ses créanciers pas moins de 1 728 milliards de Fcfa entre septembre 2023 et décembre 2024. Un niveau de désendettement qui, selon la DGD, aurait ramené la dette globale du pays à 7 021,9 milliards de Fcfa à fin décembre 2024, soit un taux d’endettement se situant désormais à 55,2% du PIB, contre plus de 58% en décembre 2023, soit 15 points en dessous du seuil de convergence communautaire.

Conjoncture économique difficile

Si les autorités ont reconnu une conjoncture économique et financière difficile, elles se veulent toutefois rassurantes. « Je veux être clair : le Gabon n’est pas en faillite », a déclaré Charles M’ba, ministre des Comptes publics chargé de la Dette, cité par le quotidien L’Union. Il faut dire que les craintes des partenaires financiers du Gabon se résument surtout au choix du gouvernement d’augmenter les dépenses publiques, creusant ainsi un peu plus le déficit budgétaire, le tout dans un contexte de tension de trésorerie.

Ainsi, en 2025, la masse salariale dans la Fonction publique connaît une hausse spectaculaire de plus de 53,5 milliards de Fcfa, atteignant ainsi les 825 milliards de Fcfa. De même, les subventions aux produits pétroliers qui devraient connaître une hausse de 13 milliards de Fcfa cette année, ou encore le coût des élections générales. S’il est difficile d’évaluer précisément le coût cumulé des élections présidentielles, législatives et locales, il est possible de se référer à la dernière présidentielle pour avoir une idée. En effet, alors qu’elle n’était qu’à un seul tour, la présidentielle de 2023, qui s’est déroulée en même temps que les législatives et les locales, à coûté au contribuable pas moins de 100 milliards de Fcfa. 

A cela, il faut ajouter la doctrine économique assumée par le gouvernement dans sa stratégie de stabilisation de l’économie. En effet, les autorités assument de maintenir un niveau élevé de dépenses sociales dans l’optique d’améliorer les conditions de vie des populations, tout en misant sur une hypothétique augmentation de la richesse produite, grâce à un plan d’investissement massif dans les secteurs de l’énergie, des mines, du transport et d’autres infrastructures stratégiques. 

Cependant, cette stratégie est en partie entravée par le contexte d’instabilité politique et institutionnelle dans lequel se trouve le pays, et qui ne favorise pas la confiance des investisseurs potentiels. Un aveu d’ailleurs fait par le ministre de l’Intérieur qui, interrogé sur le choix de la tenue d’élections présidentielles en avril 2025, avait indiqué que la situation dans laquelle se trouve le Gabon freine les ardeurs  des investisseurs intéressés par notre potentiel économique.

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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