Gabon : encore des défis à relever en matière de passation des marchés publics selon Mo Ibrahim
Le Gabon continue de faire face à des défis importants dans la gestion de ses marchés publics, comme le souligne l’Indice Ibrahim de la gouvernance africaine (IIAG) 2024. En 2023, le pays a obtenu un score alarmant de 12,5/100, le plaçant au 44e rang sur 54 pays africains dans ce domaine. L’une des principales causes identifiées est l’usage abusif des marchés passés de gré à gré, une pratique qui mine la transparence et la compétitivité du processus de passation des marchés. A titre d’exemple, en 2023, 189 marchés publics ont été attribués par entente directe, représentant une somme totale de près de 264 milliards de FCFA, ce qui souligne l’ampleur de ce problème.
Malgré la création d’une direction générale dédiée à la gestion des marchés publics, les mauvaises pratiques liées aux passations de marchés publics perdurent. Sous le régime de la Transition (CTRI) dirigé par Brice Clotaire Oligui Nguema, alors que l’on s’attendait à un changement de cap, rien n’y fait. Bien que le chef du gouvernement de transition, Raymond Ndong Sima et son ministre des Comptes publics, Charles Mba, aient réaffirmé leur volonté de privilégier les appels d’offres plutôt que les ententes directes, le gré à gré, souvent source de corruption, reste l’approche privilégiée.
En effet, l’usage abusif des ententes directes, bien qu’en contradiction avec l’article 71 du cadre juridique gabonais, qui limite ces pratiques à 15% des marchés publics, témoigne de réelles difficultés en matière de gouvernance dans le pays. Et ce, d’autant que les montants de ces marchés se chiffrent en dizaine de milliards de FCFA. Un rapport de la DGMP daté de 2023, souligne d’ailleurs que 189 marchés publics ont été attribués par entente directe, représentant une somme totale de près de 264 milliards de FCFA. Le problème est donc d’ampleur et met en lumière le manque de cohérence entre les engagements des autorités et la réalité sur le terrain.
De la nécessité de renforcer les contrôles en amont
Le retour en force du gré à gré dans la passation des marchés publics soulève donc des inquiétudes quant aux risques de corruption et de favoritisme. Le manque de transparence et de compétitivité de ce processus renforce la perception d’une gestion inefficace des ressources publiques. Pour rétablir la confiance notamment des investisseurs, il est impératif que les autorités gabonaises renforcent les contrôles et l’application stricte des procédures d’appel d’offres, tout en assainissant les administrations chargées du contrôle et de l’exécution des budgets publics.
GMT TV