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Gabon : dette intérieure, l’Etat étrangle ses propres entreprises

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En 2024, les arriérés intérieurs de l’État gabonais ont explosé de 116 %, étouffant les entreprises locales, fragilisant les banques et détériorant gravement le climat des affaires. Une dérive dénoncée dans le dernier rapport de la Banque mondiale, qui y voit une entrave directe à la relance économique nationale.

Selon le rapport de la Banque mondiale publié en juin 2025, les arriérés intérieurs de l’État gabonais, autrement dit les factures impayées aux entreprises, fournisseurs et prestataires nationaux, ont plus que doublé en un an, atteignant un niveau record. « Les arriérés intérieurs ont augmenté de 116 % en 2024, aggravant la pression sur la trésorerie des entreprises locales et sapant la confiance dans les paiements de l’État », alerte le rapport. Une situation qui transforme l’État en débiteur toxique et bloque la chaîne économique.

Un effet domino sur tout le tissu économique

Les PME, souvent sous-capitalisées, sont les premières à en souffrir : retards de salaires, cessation d’activité, licenciements, dégradation de la qualité des services. Les banques, elles aussi, prennent peur : le risque de défaut augmente, les lignes de crédit se rétrécissent, et les conditions d’accès aux financements deviennent plus strictes.

Résultat : le secteur privé étouffe, les investisseurs se retirent, et la croissance hors pétrole, déjà faible, s’enlise davantage. « Le stock élevé d’arriérés compromet les relations de confiance entre l’État et ses fournisseurs, et pèse lourdement sur la relance du secteur non pétrolier », déplore la Banque mondiale.

Un impératif de réforme et de crédibilité budgétaire

Alors que l’État multiplie les déclarations sur le soutien au secteur privé, la réalité budgétaire dit l’inverse. Cette explosion des dettes internes est le signe d’une gestion de trésorerie désordonnée, d’un manque de rigueur dans la chaîne de dépense publique, et d’une absence de plan clair pour apurer les dettes.


La Banque mondiale appelle les autorités à « mettre en œuvre une stratégie de gestion proactive des arriérés » et à restaurer la confiance à travers des audits, des calendriers de paiement crédibles et une meilleure discipline budgétaire. Pour nombre d’observateurs économiques, il en va de la survie même du tissu entrepreneurial local. Car tant que l’État continuera d’étrangler ses propres entreprises, il restera le premier frein à la croissance et à la création d’emplois au Gabon.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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