Gabon : Désinformation, jeunes journalistes et experts unis pour renforcer l’éthique médiatique
Le jeudi 13 novembre 2025, la salle Berthe et Jean a accueilli une rencontre d’une rare intensité intellectuelle. Dans le cadre du programme de formation organisé par Médias & Démocratie, du 13 au 21 novembre, jeunes reporters et professionnels aguerris se sont retrouvés pour une conférence dédiée à un thème devenu central dans le paysage médiatique mondial : la désinformation.
Derrière les échanges passionnés, une préoccupation majeure : comment restaurer la confiance du public à l’heure où fausses nouvelles, manipulations et rumeurs prolifèrent à la vitesse d’un clic ?
« Revenir aux fondamentaux », exhorte Désiré Ename
Pour Désiré Ename, président de Médias & Démocratie Gabon, le combat commence par un retour aux bases du métier. « Le journaliste doit interroger, creuser, mettre en perspective », a-t-il rappelé, soulignant qu’une information officielle n’a pas vocation à être relayée mécaniquement. Selon lui, la rigueur professionnelle impose de vérifier chaque affirmation, d’en chercher les zones d’ombre, d’en recouper les versions.
« Une source peut vous fermer la porte, mais il en existe toujours d’autres. Notre devoir est d’aller chercher la vérité, même lorsqu’elle résiste », a-t-il insisté.Ses mots ont résonné comme un avertissement et un appel à la responsabilité dans un contexte où la défiance du public ne cesse de croître.
Olivier Piot : « Le vrai danger, c’est que les citoyens ne croient plus en rien »
Invité spécial, le grand reporter Olivier Piot a livré un constat sans détour : « Les journalistes ne sont pas les principaux producteurs de désinformation. Pourtant, nous risquons d’en payer le prix : la perte de confiance globale. »
Dans un environnement saturé de rumeurs et de contenus non vérifiés, il a appelé les médias à devenir des repères fiables. « Mieux vaut publier moins, mais publier exact. Un média doit être perçu comme un refuge de fiabilité, pas comme un amplificateur de confusion », a-t-il défendu.
Son intervention a replacé au cœur du débat la question de l’exemplarité éditoriale, dans un écosystème où la vitesse concurrence désormais la véracité.
Les jeunes reporters : entre lucidité et détermination
La parole des stagiaires présents a illustré l’impact de cette formation. Pour Doriane Moussounda, stagiaire à L’Union, « informer exige de chercher, croiser, contextualiser. Une rumeur n’est pas une information, et une information ne vaut rien si elle n’est pas vérifiée ». Une conviction partagée par Aziz Ntchandiet, journaliste à Africa N°1 : « Notre métier est truffé de pièges. Ce type d’échanges nous rappelle l’importance de rester méthodiques et vigilants pour éviter les erreurs et les poursuites. »
Aux côtés des formateurs, des professionnels reconnus comme Martial Idoundou et Jean Daniel Fotso ont complété les discussions en partageant leurs expériences sur les dérives informationnelles.
Former à la vigilance : la condition d’un journalisme crédible
Cette journée de formation a conforté une certitude : face au chaos informationnel, le journaliste demeure le dernier rempart. Artisan de vérité, il doit travailler chaque donnée comme une matière brute, avec précision et humilité, pour offrir au public un éclairage fiable dans un univers médiatique de plus en plus instable.
La lutte contre la désinformation n’est pas un slogan : c’est une discipline quotidienne, un engagement professionnel, et un acte citoyen.









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