Gabon : des procédures de passation des marchés publics mêlées de corruption
27ème sur 52 pays africains en matière de gouvernance selon le dernier indice Mo Ibrahim, le Gabon pêche notamment dans la mise en place de dispositifs de lutte contre la corruption. 42ème dans ce domaine sur le continent, le petit émirat africain paie principalement ses faiblesses en matière de procédures de passation des marchés publics. Des procédures et des pratiques inefficientes, déjà relevées par le FMI en marge de la signature de l’accord élargi de 2021.
Dans un pays comme le nôtre qui aspire à une émergence à moyen terme, l’une des clés du succès réside dans la garantie d’une efficience des investissements publics. Cependant, bien qu’engagées à poursuivre la modernisation et le renforcement de la gestion des investissements publics auprès du Fonds monétaire international (FMI), dans le but notamment de mieux concevoir, préparer et exécuter les projets, tout en renforçant la présentation de rapports et les contrôles, l’exécutif déchu n’a pas été en mesure de résoudre cette équation.
La passation des marchés publics, un véritable nœud gordien
44ème sur 52 pays africains en matière notamment de procédures de passation de marchés publics avec le score peu flatteur de 12,5/100, le Gabon paie son manque d’objectivité et d’efficacité dans le domaine de la lutte contre la corruption. 39ème si l’on évoque les dispositifs anti-corruption, 43ème si on parle de corruption au sein des institutions d’État, 38ème si on parle cette fois de corruption au sein du secteur public, c’est donc toute la chaîne de passation de marchés publics qui est avilie.
Malgré le renforcement par l’Etat à travers un nouveau code des marchés publics dès 2018, des organes en charge de ces aspects, avec en ligne de mire la performance et l’efficacité de l’exécution des marchés exercée par l’Autorité Contractante, ayant abouti entre autre à la création de l’Autorité de Régulation des marchés publics (ARMP) en plus de la Direction en charge de ce département déjà existante, de nombreux dysfonctionnements restent observés.
Non hasardeux, le choix du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), de ressusciter la Task Force sur la dette intérieure et extérieure, témoigne d’ailleurs de la volonté des nouvelles autorités de faire la lumière sur cette situation périlleuse pour notre économie et notre tissu social, à un moment où le pays se cherche des moyens de financer une transition qui s’annonce d’ores et déjà délicate. Reste désormais à savoir si l’ARMP, présentée comme le gendarme des marchés publics, survivra à cette mission sauvetage de notre économie.