Gabon : de la nécessité de sensibiliser les populations sur l’importance de l’acte de naissance

L’acte de naissance est bien plus qu’un simple papier administratif. Il constitue le tout premier droit de l’enfant, le document fondamental qui atteste de son existence juridique selon les Articles 7 et 8 de la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies. Au Gabon, comme dans de nombreux pays, des milliers d’enfants vivent sans être officiellement enregistrés, les exposant à une vie d’exclusion et de précarité. 

L’absence d’acte de naissance empêche l’accès à des services essentiels tels que la santé, l’éducation, et plus tard l’emploi, le mariage civil ou encore la délivrance de la carte d’identité nationale. Le ministre des Affaires sociales, Nadine Nathalie Awanang, a rappelé ce constat alarmant lors de la cérémonie de remise de 1 187 actes de naissance à des enfants anciennement apatrides de Ntoum et Kango, dans la province de l’Estuaire. Cette opération s’inscrit dans un vaste programme de régularisation administrative, salué par les bénéficiaires mais qui ne résout pas encore la racine du problème.

L’acte de naissance un précieux sésame pour les individus

Car au-delà des campagnes ponctuelles, c’est bien un travail de fond qui doit être mené, celui de la sensibilisation. Trop de familles, par ignorance ou négligence, omettent encore de déclarer les naissances dans les délais légaux. D’autres se heurtent à des obstacles logistiques, financiers ou administratifs, en particulier dans les zones rurales ou enclavées. Le résultat est souvent le même , l’enfant devient invisible aux yeux de l’État. Il vit sans identité, sans droits, et dans certains cas, bascule dans le statut d’apatride. Un triste sort qui constitue une entrave majeure à toute forme d’émancipation.

Pour prévenir ce fléau, il est indispensable de multiplier les campagnes d’information et de proximité, en collaboration avec les autorités locales, les écoles, les centres de santé et les leaders communautaires. Les parents doivent comprendre que l’acte de naissance est un précieux sésame, une porte d’entrée vers tous les autres droits civils, sociaux et économiques. C’est aussi un outil de protection contre les abus, les trafics et les discriminations. La problématique du sous-enregistrement des naissances au Gabon est un défi social et humain. Elle appelle une réponse coordonnée, durable et inclusive. Car aucun enfant ne devrait commencer sa vie sans existence légale.