Gabon : cri de détresse de 200 jeunes titulaires d’un doctorat mis au chômage par les institutions

En tant que Collectif des Docteurs lésés et mis au chômage par les institutions, nous avons l’honneur de vous adresser cette lettre ouverte après avoir épuisé les recours officiels en adressant six courriers dont deux à notre ministère de tutelle, deux à la Primature et enfin, deux à la Présidence de la République. Monsieur le Président de la République, cette lettre a pour objectif de solliciter votre intervention urgente dans un dossier crucial pour l’avenir de plus de 200 jeunes Gabonais, titulaires d’un doctorat.
La situation qui nous préoccupe découle d’un processus de recrutement opaque des enseignants-chercheurs et chercheurs au sein des établissements publics de notre pays, lancé dans un contexte de renouveau pour l’enseignement supérieur. En effet, selon la note N° 001158/MESRSIT/SG/DCRH/SGRH/B2 du 09 juillet 2024, signée par le Secrétaire Général, Pr Georgette NGABOLO épse MAPAGA, ainsi que la note circulaire N° 0001042/MESRSIT/CAB M du 11 juillet 2024, signée par l’ancien ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation Technologique, Pr Hervé NDOUME ESSINGONE, une campagne de recrutement des enseignants-chercheurs et chercheurs a été lancée pour l’exercice de l’année académique 2024-2025. Suite à cela, les établissements publics (universités, grandes écoles et instituts de recherche) ont procédé au recrutement du personnel enseignant et chercheur selon leurs réels besoins. Cependant, depuis le lancement de cette initiative en juillet 2024, ce n’est que le 04 novembre 2024 que le Ministre sortant, Pr Hervé NDOUME ESSINGONE, a signé l’Arrêté N° 0000042/MESRSIT portant recrutement des enseignants-chercheurs et chercheurs, établissant ainsi des commissions de recrutement au sein du ministère. Force est de constater que jusqu’à ce jour, les résultats de ces commissions n’ont toujours pas été rendus publics.
Excellence Monsieur le Président de la République, cette lenteur et cette opacité créent une incertitude grandissante parmi nous, jeunes docteurs, et soulèvent des questions légitimes. Alors même que vous vous engagez fermement pour la modernisation du système éducatif et la création de nouvelles universités dans le pays, comment justifier que, malgré des ressources humaines qualifiées, l’intégration de ces docteurs reste un défi de taille alors que les établissements supérieurs déjà existants souffrent d’un manque criard d’enseignants ? Cette situation reflète une incohérence quand on sait que de nombreux docteurs exercent déjà au sein de divers établissements en qualités de vacataires et peinent à être intégrés. De plus, faut-il rappeler que les payements de leurs vacations restent encore aléatoires et dérisoires, face au contexte, au point que beaucoup vivent une précarité sans nom.
Excellence Monsieur le Président de la République, votre volonté de réformer l’enseignement supérieur est claire et porteuse d’espoir. Cependant, pour que cet élan ne soit pas réduit à néant, il est impératif que des mesures concrètes et transparentes soient prises pour mettre un terme et prévenir les injustices que nous vivons au quotidien. En effet, Monsieur le Président, nous faisons face à des injustices qui découlent d’une gestion chaotique et non transparente du recrutement des enseignants et enseignants-chercheurs, cela se traduit notamment par :
– La non-publication officielle des résultats des commissions de recrutement tenues au sein dudit ministère ;
– la disparition de nombreux dossiers de candidatures issus de certains instituts de recherche ;
– La non prise en compte de certains dossiers de candidatures ayant reçu un avis technique favorable des établissements ;
– La priorisation des Masters face aux docteurs dans l’octroi des postes budgétaires affectés aux enseignants-chercheurs, etc.
Monsieur le Président, nous vous appelons à une action urgente pour rectifier cette situation et garantir que les docteurs gabonais puissent trouver leur place au sein de notre système universitaire. Nous ne pouvons permettre qu’une génération entière de jeunes chercheurs soit sacrifiée par une gestion bureaucratique défaillante. Ces jeunes talents sont l’avenir de notre pays, et il est de votre responsabilité d’agir pour que leur avenir soit à la hauteur de l’investissement qu’ils ont consenti pour obtenir leur doctorat.
Nous vous prions d’agréer, Excellence Monsieur le Président de la République, l’expression de notre plus haute considération.
Le Collectif des Docteurs Lésés du Gabon
GMT TV