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Gabon : Chômage et pauvreté, le talon d’Achille du gouvernement Oligui Nguema

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Un an après la prise du pouvoir par les militaires, les indicateurs sociaux peinent à virer au vert. Malgré une relance volontariste et quelques projets vitrines comme Taxi Gab, le chômage et la pauvreté restent à des niveaux préoccupants, affectant principalement les jeunes et les femmes.

La promesse d’une rupture sociale se heurte à une réalité têtue : celle d’un marché de l’emploi en panne et d’un tissu économique peu inclusif. Depuis le 30 août 2023, le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) a multiplié les initiatives pour relancer l’économie et offrir des opportunités. Mais selon le dernier rapport de la Banque africaine de développement (BAD), les résultats tardent à se faire sentir.

Une croissance sans emploi, un modèle à bout de souffle

La BAD dresse un constat alarmant dans ses Perspectives économiques en Afrique 2025 : malgré une croissance modeste, le taux de chômage au Gabon reste élevé à 20,4 % et la pauvreté touche 35,1 % de la population. Pis, « la croissance enregistrée n’a qu’un faible impact sur la création d’emplois », souligne le rapport, confirmant l’absence d’un modèle de développement réellement inclusif.

Le constat est encore plus sévère pour les femmes, dont près d’un tiers (30 %) vit sous le seuil de pauvreté. Dans un pays à revenu intermédiaire, doté de ressources naturelles abondantes, cette statistique interroge. « La pauvreté touche une femme sur trois au Gabon », précise l’institution panafricaine, pointant une fracture sociale qui perdure.

Une jeunesse désemparée face à un avenir incertain

Dans les faits, les jeunes peinent à se projeter. Les initiatives telles que Taxi Gab, censées créer de l’activité, restent anecdotiques au regard de l’ampleur du problème. L’économie gabonaise, encore largement dépendante du secteur pétrolier, peine à absorber la masse de diplômés sans débouchés. L’emploi informel devient la norme, et la désillusion gagne les rangs de la jeunesse.

« Le chômage des jeunes dépasse les 35 %, avec des disparités régionales marquées », avertit un expert en développement local contacté par Gabon Media Time. À cela s’ajoute l’absence d’un réel programme de reconversion ou de formation à l’entrepreneuriat, pourtant indispensable à la transition économique voulue par les autorités.

L’État attendu sur une réforme structurelle du marché de l’emploi

Face à cette impasse, le gouvernement Oligui Nguema est sommé de changer de paradigme. Il ne s’agit plus seulement de lancer des projets symboliques, mais de repenser en profondeur le système de production et les chaînes de valeur locales. La création d’emplois pérennes passe par un soutien massif aux PME, à l’agriculture, à l’industrie locale et à la formation professionnelle.

Le défi est immense : il faut transformer une économie de rente en une économie productive, capable d’intégrer les femmes, les jeunes et les populations vulnérables. Faute de quoi, la promesse d’une République restaurée pourrait bien se fracasser sur le mur de l’exclusion sociale.

Une urgence sociale à ne pas ignorer

Plus que jamais, le chômage et la pauvreté doivent être considérés comme une urgence nationale. Car une transition politique sans transformation sociale durable n’est qu’un sursis. Le Gabon post-30 août se doit de prouver que le changement n’est pas qu’un slogan, mais une réalité perceptible dans le quotidien des Gabonais. Et cela commence par un emploi décent pour chacun.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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