Gabon : ce que l’on sait de la mise en liberté provisoire de Sylvia et Noureddin Bongo

Dans un climat politique où la question de l’exemplarité judiciaire est scrutée avec attention, la supposée mise en liberté provisoire de l’ancienne Première dame Sylvia Bongo Ondimba et de son fils Noureddin Bongo Valentin suscite un regain de tension. Selon une source judiciaire ayant requis l’anonymat, contactée par Gabon Media Time, cette double remise en liberté aurait eu lieu discrètement la semaine dernière, sans notification préalable à l’Agence judiciaire de l’État. Une procédure pour le moins inhabituelle, qui interroge jusqu’au sein du système judiciaire.
Une mesure controversée, un timing troublant. Toujours selon cette source, Sylvia Bongo aurait quitté la prison centrale de Libreville mercredi 8 mai en milieu de journée. Son fils Noureddin l’aurait suivie deux jours plus tard, le vendredi 10 mai, tous deux placés en résidence surveillée. Aucun communiqué officiel n’est venu confirmer cette information, pourtant largement relayée sur les réseaux sociaux. Une communication absente qui alimente les doutes sur les conditions réelles de cette décision judiciaire. Pire encore, des responsables judiciaires censés être informés de telles évolutions disent ne pas avoir été notifiés.
« Le parquet est un et indivisible, ce genre de décision ne peut être prise dans l’ombre », a confié un magistrat à Gabon Media Time. Il évoque également une rupture d’entente entre les membres du parquet général, pointant des frictions internes depuis l’arrivée d’Eddy Minang, ancien procureur général à Oyem et Franceville.
Une décision qui pourrait coûter cher politiquement
La gestion de cette affaire sensible est d’autant plus scrutée que les critiques fusent déjà sur une éventuelle manœuvre visant à court-circuiter le président de la République. Des acteurs de la société civile n’hésitent pas à parler de « double jeu » ou de tentative de « récupération » d’un dossier emblématique de la lutte contre l’impunité.
L’affaire met également en lumière un autre malaise : l’inégalité de traitement. Alors que d’autres inculpés continuent de croupir en prison pour des faits similaires, la discrétion ayant entouré cette double remise en liberté pourrait être perçue comme une faveur indue. Un risque d’autant plus élevé que le président Oligui Nguema a fait de la restauration de l’autorité de l’État et de la justice équitable l’un des piliers de son mandat.
Si la décision est confirmée, le gouvernement devra impérativement communiquer pour restaurer la confiance de l’opinion et préserver la cohérence de sa gouvernance. Car dans cette affaire, au-delà du symbole judiciaire, c’est aussi la parole présidentielle qui pourrait vaciller.
GMT TV