Gabon : Brice Clotaire Oligui Nguema déjà président élu ?

Lors de son discours à Mitzic, ce 21 février 2025, le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a évoqué la situation de son « petit frère », le lieutenant Kelly Ondo Obiang, détenu après avoir été condamné pour sa tentative de coup d’État du 7 janvier 2019. Dans un élan d’émotion, il a affirmé vouloir inscrire son nom à la prochaine grâce présidentielle en décembre 2025.

Mais cette déclaration suscite de nombreuses interrogations. Comment peut-il annoncer une mesure qui relève exclusivement des prérogatives du chef de l’État après l’élection présidentielle du 12 avril 2025 ?

Une déclaration troublante

Dans son allocution, le général de brigade Oligui Nguema a souligné que, bien qu’il souhaite voir Kelly Ondo libre, il est tenu par les principes de séparation des pouvoirs et le respect des procédures judiciaires. Pourtant, il affirme déjà qu’il signera une grâce présidentielle d’ici décembre 2025. Or, à ce jour, il n’est pas encore officiellement candidat à la présidentielle du 12 avril.

S’agit-il d’un simple lapsus ou d’une affirmation implicite qu’il sera encore au pouvoir après cette échéance électorale ? Alors même qu’il ne s’est pas encore présenté comme candidat à cette échéance électorale, il se comporte déjà comme le Chef suprême des armées et Président du Conseil supérieur de la magistrature capable de signer une grâce présidentielle.

Une Transition qui interroge

Depuis son arrivée à la tête du pays après le coup d’État du 30 août 2023, le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) s’est engagé à rendre le pouvoir aux civils. Cependant, cette déclaration vient alimenter les spéculations sur une possible candidature d’Oligui Nguema et, plus encore, sur une élection dont l’issue semblerait déjà scellée.

Si la Transition se veut exemplaire et démocratique, comment expliquer que son leader se projette déjà sur une décision qui incombe au futur président ? Ce genre de sortie publique ne risque-t-elle pas de fragiliser la confiance du peuple gabonais dans la sincérité du processus électoral en cours ?

À moins de deux mois du scrutin, cette prise de parole soulève des doutes sur les véritables intentions du président de la Transition. Le Gabon se dirige-t-il vers une élection réellement ouverte ou vers une continuité maquillée sous un autre visage ?