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Gabon : bourses du secondaire, une fausse bonne idée pour le CTRI et une épine dans le pied du gouvernement

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Annoncé lors de la prestation de serment du président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguéma, le lundi 4 septembre 2023, le retour de la bourse au secondaire ne cesse de diviser l’opinion publique depuis. Et pour cause, d’abord sans critères spécifiques, ces bourses au secondaire sont désormais conditionnées par une moyenne de 12 selon les propos de l’actuel ministre, une nouvelle mesure visant à « prôner l’excellence », mais qui confirme surtout, que cette mesure a été prise sans avoir été pensé.

Cinq jours après le coup d’Etat militaire qu’il a orchestré, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema prêtait serment entre promesses politiques et populisme. Au titre justement de ces promesses populistes, le président de la transition annonçait le retour de la bourse au secondaire, suscitant une euphorie quasi générale. Cependant, entre mauvaise conception et rétropédalage non assumé, cette mesure semble aujourd’hui être une épine dans le pied du gouvernement de la transition. 

En effet, évaluée à un peu plus de 12 milliards de FCFA pour cette année, cette mesure semble aujourd’hui bien plus être une épine dans le pied du gouvernement qu’une solution d’avenir. Et pour cause, prise sans réellement avoir été conçue dans un contexte d’opportunisme politique, cette décision vient quelque peu d’être diluée par la ministre de l’Education nationale, Carmela Ntoutoume Leclercq, qui a indiqué « pour le secondaire au premier cycle donc de la 6eme en 3eme, il faut avoir 12 de moyenne ». Une décision qui se justifie selon elle, par le fait que « nous sommes dans une transition qui nous amène aussi à prôner l’excellence ». 

Etait-il nécessaire de ressusciter l’octroi des bourses en ces temps de Transition ?

Si les précisions de la ministre de l’éducation nationale s’inscrivent effectivement dans une dynamique « d’excellence », puisqu’en réalité le gouvernement avait été par le président de la transition « instruit à réfléchir sans délais sur les mécanismes visant à rétablir la bourse pour les élèves du secondaire », c’est plutôt le retour même de cette ligne budgétaire qui interroge, surtout quand on sait les difficultés du secteur éducatif. Nombre d’enseignants insuffisants, classes encore surpeuplées même si des efforts ont été consentis, absences de commodités dans bon nombre d’établissements, sont autant de difficultés structurelles quotidiennes pour ces élèves des collèges et lycées à travers le Gabon. 

Avec en plus un accès limité à l’outil informatique et aux nouvelles technologies, les élèves gabonais ont des besoins bien plus importants que ces 24 000 FCFA qui vont leur être versés en cas de bons résultats. 24 000 FCFA qui, avec le niveau d’inflation actuel et la dépravation accrue de certaines mœurs, devraient servir uniquement à des retrouvailles dans l’un des 8900 débits de boissons recensés dans le Grand Libreville. 8900 débits de boissons dont plusieurs autour des lycées et collèges, qui interrogent d’ailleurs sur cette volonté « d’excellence » soulignée par le gouvernement. 


Dans un contexte où bon nombre d’enseignants viennent seulement d’obtenir leurs postes budgétaires quand d’autres en sont encore sevrés. Dans un contexte où l’Etat gabonais peine à assurer un accompagnement adéquat pour les jeunes vivant avec un handicap. Dans un contexte où la culture même de l’éducation se perd. Dans un contexte où globalement les revendications syndicales sont quasiment toujours les mêmes depuis plusieurs décennies. Etait-il nécessaire de dégager plus de 12 milliards de FCFA pour les bourses au secondaire alors que notre économie et sa croissance restent encore menacées par les sanctions régionales, comme l’a récemment évoqué la Banque mondiale dans son baromètre dédié à l’Afrique centrale.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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