Gabon : Bilie-By-Nze dénonce une « tartufferie d’État » dans l’affaire Bongo

Dans une réaction publiée ce lundi 7 juillet 2025 sur ses canaux officiels, Alain Claude Bilie-By-Nze, figure majeure de l’opposition, s’en est pris avec virulence à l’appareil judiciaire gabonais, qu’il accuse d’être instrumentalisé dans le cadre de l’instruction visant Noureddin Bongo Valentin. L’ancien Premier ministre fustige le traitement de cette affaire qu’il qualifie de « scandale d’État », dénonçant « une justice aux ordres » et une dérive inquiétante de l’État de droit.
Dans son texte, l’ex-chef du gouvernement et ancien candidat à la présidentielle du 12 avril 2025, aujourd’hui leader du parti Ensemble pour le Gabon, réagit à la diffusion d’une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux. Celle-ci montre un extrait de l’interrogatoire de Noureddin Bongo Valentin dans le bureau du juge d’instruction. L’origine de l’enregistrement, comme son mode de diffusion, reste inconnue, mais a déclenché une onde de choc au sein de l’opinion.
« La tartufferie la plus aboutie, c’est de chercher à porter le débat sur l’origine de la vidéo, plutôt que sur le fond qu’elle révèle », a écrit Bilie-By-Nze. Pointant du doigt les conditions « arbitraires et expéditives » dans lesquelles sont menées certaines procédures. Ce dernier estime que le contenu de la vidéo éclaire « la réalité des cabinets d’instruction », où la présomption d’innocence serait régulièrement bafouée, en violation de la Constitution.
Une justice politique ? Bilie-By-Nze interroge le nouveau pouvoir
Dans une rhétorique directe et sans détour, le leader de l’opposition s’interroge : « Quid donc de la fameuse libération ? ». Une référence implicite au discours de rupture de Brice Clotaire Oligui Nguema. Selon lui, le sort réservé à un ancien « prince du régime » tel que Noureddin Bongo laisse présager pire pour les citoyens lambda. « S’il en est ainsi des puissants, on n’ose imaginer le sort des citoyens ordinaires », insiste-t-il, affirmant que le véritable enjeu ne se trouve pas dans le débat sur la fuite de la vidéo, mais dans ce qu’elle révèle du fonctionnement actuel de la justice.
Une attaque frontale contre l’État de droit version Oligui Nguema
Le message est clair : pour Bilie-By-Nze, l’État de droit ne saurait “ être un simple slogan ”. La vidéo controversée est, selon lui, la preuve tangible que les promesses de réforme de la justice et de restauration des institutions peinent à se concrétiser. Une critique qui s’inscrit dans un contexte politique tendu, à l’approche des élections législatives du 27 septembre 2025, où les oppositions entendent remettre en cause la légitimité de la transition en cours.
« Peu importe les conditions dans lesquelles elle a été prise et l’identité de son auteur, ce qui compte vraiment, c’est la vérité qui découle de cette vidéo. Il faut que cela change », conclut l’ancien Premier ministre.Par cette déclaration, Alain Claude Bilie-By-Nze se positionne non seulement comme un opposant frontal à la gouvernance actuelle, mais aussi comme un défenseur des principes démocratiques qu’il estime aujourd’hui trahis. À travers l’affaire Noureddin Bongo, c’est toute la crédibilité du discours de justice et de transparence du régime de transition qui se trouve interpellée.
Reste à savoir si cette sortie fera bouger les lignes dans un contexte où la judiciarisation des enjeux politiques semble devenir un terrain de plus en plus miné.
GMT TV