Gabon : Armande Longo-Moulengui face au défi de l’équité territoriale et de la structuration des secteurs Sport et Culture 

La prise de fonction d’Armande Longo-Moulengui au ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, ce vendredi 10 mai 2025, s’inscrit dans un moment charnière pour le pays, marqué par l’entrée en vigueur des institutions de la Ve République. Si la passation de charges avec son prédécesseur Patrick Barbera Isaac s’est déroulée dans un climat de reconnaissance mutuelle, la nouvelle ministre hérite d’un portefeuille aux attentes immenses, notamment en matière d’équité territoriale, d’infrastructures sportives et de valorisation culturelle.

À Mbigou dans la Ngounié, à Mimongo ou encore Malinga et dans bien d’autres localités, il n’existe toujours aucun plateau sportif digne de ce nom. Loin de Libreville ou de Franceville, ces localités sont les grandes oubliées des politiques publiques en matière d’infrastructures sportives. Les installations sportives, lorsqu’elles existent, sont concentrées dans les capitales provinciales ou les fiefs politiques des ministres successifs, dans une logique que d’aucuns qualifient de « nombriliste ». Ce déséquilibre régional alimente le sentiment d’exclusion et prive des milliers de jeunes Gabonais d’un accès à la pratique sportive régulière, pourtant facteur reconnu de cohésion sociale et de développement.

La culture comme parent pauvre de la République

La situation est tout aussi préoccupante du côté de la culture. Le Gabon, malgré la richesse de ses patrimoines, reste dépourvu d’une réelle politique d’aménagement culturel. Pas de salles de spectacle dans de nombreuses provinces, des artistes toujours sans statut clair, et des droits d’auteur qui demeurent, pour la plupart, « une vue de l’esprit ». Le pays attend toujours la mise en place effective d’un statut de l’artiste, accompagné de dispositifs fiables de rémunération et de protection sociale.

Face à ces enjeux, la nouvelle ministre devra faire preuve d’écoute, d’initiative et surtout de volonté politique. « Mouillons le maillot pour le pays », a-t-elle déclaré à ses équipes. Un appel au travail qui devra se traduire par des actes concrets : l’élaboration d’un plan national d’aménagement sportif équilibré, la création d’instituts régionaux des arts, la réforme de Bureau gabonais des droits d’auteur (BUGADA) ou encore l’application de la loi-cadre sur le statut des artistes.

La Ve République, proclamée par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, place l’équité, la justice sociale et la reconstruction nationale au cœur de ses priorités. Armande Longo-Moulengui tient désormais entre ses mains deux leviers majeurs d’émancipation citoyenne : le sport et la culture. À elle d’en faire des piliers d’un Gabon plus juste, plus rayonnant et plus uni.