Gabon : Ali Bongo repositionne le PDG en parti d’opposition face à l’UDB

Dans un discours fleuve prononcé, par Ali Akbar Onanga Y’Obegue, depuis Londres le 14 juillet 2025, Ali Bongo Ondimba a annoncé la reprise en main du Parti démocratique gabonais (PDG) et son repositionnement clair dans l’opposition politique face à l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), au pouvoir depuis la transition militaire. Une sortie qui sonne comme un tournant pour l’ancien parti au pouvoir.
Un retour stratégique sur la scène politique. Presque 2 ans après sa chute, Ali Bongo Ondimba a repris la parole. Cette fois, ce n’est plus en tant qu’ancien chef de l’État, mais en qualité de président statutaire du PDG, dont il entend restaurer la légitimité. Il accuse le pouvoir de transition, d’avoir tenté un « démantèlement méthodique » du parti via un « directoire autoproclamé » installé après le coup d’État du 30 août 2023.
« Le PDG est aujourd’hui l’unique formation capable de constituer une opposition structurée et crédible », a affirmé l’ancien président, dénonçant des débauchages politiques « orchestrés » et « médiatisés » dans le but de « casser la colonne vertébrale de notre héritage politique ».
L’UDB visée comme adversaire principal
Au-delà de la restauration de l’ordre statutaire au sein du PDG, c’est une ligne politique nouvelle que trace Ali Bongo : le PDG s’installe officiellement dans l’opposition à l’Union démocratique des bâtisseurs, parti de la majorité présidentielle. « J’affirme que notre parti s’inscrit aujourd’hui dans l’opposition politique à ce pouvoir », a-t-il déclaré sans ambages, avant d’ajouter que le PDG formulera « avec vigueur, des propositions pour le développement du pays ».
Cette déclaration ferme repositionne le parti fondé par Omar Bongo Ondimba dans un rôle inédit depuis des décennies : celui d’un contre-pouvoir. Une évolution stratégique pour une formation longtemps accusée d’avoir confondu État et parti.
Une opposition assumée, une succession préparée
Ali Bongo, qui réaffirme son retrait de la vie électorale nationale, précise qu’il reste à la tête du PDG pour assurer la continuité politique. Il annonce par ailleurs une réforme statutaire qui permettra désormais à un autre cadre du parti d’être désigné candidat à la présidentielle, une rupture symbolique avec la personnalisation du pouvoir.
Il a, dans ce sens, nommé Ali Akbar Onanga Y’Obegue Secrétaire général du PDG, saluant en lui « l’homme de la situation pour conduire notre modernisation tout en préservant nos valeurs fondamentales ».
Vers une recomposition du paysage politique ?
Avec cette déclaration officielle d’opposition, le PDG se repositionne face à l’UDB comme force politique alternative, dans un contexte de recomposition du paysage partisan gabonais. L’annonce pourrait bien redonner du souffle à des militants déboussolés et ouvrir la voie à une bipolarisation politique inédite entre bâtisseurs et héritiers.
Dans un pays où l’opposition peine souvent à s’unir, le retour du PDG dans ce rôle, incarné par son leader historique, pourrait redistribuer les cartes à l’approche des législatives de septembre 2025.
GMT TV