Gabon : Affaire Opiangah, ce que révèle le silence du procureur Bruno Obiang Mvé !

À la lumière d’investigations minutieuses, de faits qui interpellent, de lettres officielles restées sans réponse, et de silences institutionnels persistants, le temps semble installer le procureur de la République, Bruno Obiang Mvé, dans un mutisme complet face aux demandes de justification du déclenchement d’une procédure judiciaire en violation manifeste de la loi. Une affaire qui illustre les dérives de la justice gabonaise.
Le soir du 13 décembre 2024, lors d’une déclaration diffusée sur Gabon 1ère, le procureur Bruno Obiang Mvé annonçait que, l’homme politique et ancien ministre, Hervé Patrick Opiangah, faisait l’objet d’une plainte – pour inceste – déposée par son ex-compagne Lucie Biloghe, le 14 novembre 2024. Problème : selon des exploits d’huissier transmis par l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale (UDIS), ladite plainte n’avait été enregistrée que le 25 novembre 2024, soit cinq jours après les perquisitions musclées et gardes à vue effectuées.
Une chronologie aberrante, une procédure claudicante ?
Entre le 20 et le 25 novembre 2024, des membres des forces de sécurité gabonaises ont procédé à une perquisition nocturne au domicile d’Opiangah, à la saisie de ses biens, à la fermeture de ses entreprises et à la garde à vue prolongée de sa fille – présentée, par les services de police, comme étant la victime. Toutes ces actions, selon les avocats du leader de l’UDIS, ont été menées sans qu’aucune plainte ne soit dûment déposée au parquet. Or, l’article 45 du Code de procédure pénale est formel, en matière d’infractions privées, il dispose que l’action publique ne peut être engagée qu’après dépôt de plainte.
La lecture de cet article 45 du Code de procédure pénale mure, le procureur de la République, Bruno Obiang Mvé, dans le silence. En effet, jusqu’à ce jour, ni lui ni son ministère de tutelle n’ont fourni la moindre explication substantielle aux nombreuses sollicitations envoyées par Gabon Media Time dont la lettre du 17 février 2025 – avec accusé de réception -, adressée directement au procureur. Les questions suivantes lui étaient posées : la date exacte du dépôt de la plainte, la base légale des premières actions engagées, et les voies de recours prévues en cas d’irrégularité. Silence radio.
Un mur institutionnel face à la presse
Le ministère de la Justice dans une réponse datée du 21 février 2025, s’est retranché derrière le secret de l’instruction, refusant tout commentaire, mais reconnaissant implicitement le droit de la presse à enquêter. Quant au Conseil supérieur de la magistrature, par la voix de sa secrétaire permanente Paulette Akolly, il s’est contenté de renvoyer la balle au parquet et au ministère, en évoquant le fait de ne pas avoir été saisi officiellement.
Selon l’UDIS, la stratégie est claire : « L’enregistrement tardif de la plainte, le 25 novembre 2024, vise à légitimer a posteriori une série de violations graves des droits fondamentaux, allant de la perquisition illégale à la privation de liberté », indiquait Cynthia Lays Amorissani, secrétaire permanente du parti, au moment des faits.
Une intrigue politique ?
« Il y a dans ce dossier une volonté manifeste de destruction politique », résume Me Julien Bensimhon, l’un des avocats d’Hervé Patrick Opiangah. Force est de constater que « 6 500 employés de l’homme d’affaires sont aujourd’hui au chômage en raison d’une procédure sans fondement ». Par conséquent, le recours pendant à la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) pourrait bien entraîner une condamnation du Gabon.
Dans une République qui clame la restauration de l’État de droit, cette affaire met à nu les vulnérabilités d’un appareil judiciaire perméable aux influences politiques. En attendant que la chambre d’accusation se prononce, une question demeure en suspens : le procureur Bruno Obiang Mvé a-t-il sciemment menti aux Gabonais ? Si oui, dans quel but ? Si non, comment justifier tout ce qui précède ?
GMT TV