Gabon : à 72 ans, Biyoghe Mba poursuit sa transhumance politique

« La transhumance est la face hideuse de la politique en Afrique » disait Aïssata Tall Sall, membre du Parti socialiste du Sénégal et ancienne Garde des Sceaux, Ministre de la Justice. Cette citation sied bien à la posture adoptée par Paul Biyoghe Mba après avoir été porté à la vice-présidence du Parti démocratique gabonais (PDG) lors de son dernier congrès extraordinaire. Sa démission annoncée ce jour confirme cette tendance des acteurs politiques à retourner leurs vestes au gré des intérêts. 

C’est à son fief de Bikélé dans le 3ème arrondissement de Ntoum, que l’ancien Premier ministre, a convié la presse nationale et internationale avec comme l’ordre du jour, trois points dont celui relatif à l’annonce deuxième démission du PDG après intervenue il y a un peu plus de 31 ans en février 1994. Un départ qu’il a justifié par les changements intervenus au sommet de l’Etat depuis le coup d’Etat du 30 août 2023 qui ont profondément bouleversé le pays politique. 

« J’ai décidé de démissionner du Parti démocratique gabonais, PDG ou j’étais premier vice-président » a-t-il martelé avant d’expliquer les raisons profondes de son départ. « Ma démission est due fondamentalement et uniquement à une question d’harmonie politique, dans la pensée et l’action, dans le discours et les faits », a-t-il précisé, assurant n’avoir aucune divergence avec le PDG, contrairement à sa première démission en février 1994. 

Evoquant son avenir politique, le désormais ex-premier vice-président du PDG s’est montré assez évasif, bien que la seule certitude soit qu’il entend bien poursuivre sa carrière politique. « A 72 ans passés, je dois d’abord vous dire que je suis encore en pleines capacités de mes forces et ressources multiformes », a-t-il souligné, indiquant qu’il entend contribuer, collaborer, s’impliquer de manière significative en vue d’écrire avec d’autres acteurs politiques, qui partagent la même vision que lui, une nouvelle page du Pays. Dans cette nouvelle voie qu’il trace, Paul Biyoghe Mba a appelé tous ceux qui croient en lui à le suivre, car cette décision est selon lui « la bonne ».

Il faut dire que cette nouvelle démission au sein du PDG s’inscrit dans une dynamique de déstructuration des partis de gouvernement à l’instar de l’Union nationale qui a vu hier le départ de Jean-Christophe Owono Nguema. Ces départs, cachent-ils de futures adhésions au sein d’une nouvelle formation politique créée par le chef de l’État élu à la magistrature suprême sans étiquette ? L’avenir nous le dira.