Flotte fantôme : le pavillon gabonais dans la tourmente des sanctions européennes

Accusé de faciliter les contournements des sanctions internationales par la « flotte fantôme » russe, le Gabon est dans le collimateur de l’Union européenne. En ligne de mire : l’usage présumé de son pavillon par des navires transportant du pétrole russe à l’insu des règles imposées par l’Occident.
L’information est tombée comme un pavé dans la mare diplomatique : dans le cadre de son 14e train de sanctions visant à durcir le plafonnement du prix du pétrole russe, l’Union européenne a placé plusieurs États sur la sellette pour leur rôle dans la prolifération de pavillons dits de « complaisance ». Parmi eux figure le Gabon, aux côtés des Comores. Bruxelles les accuse de prêter leur pavillon à des navires de la « flotte fantôme » russe, soupçonnés d’opérer en marge du droit international maritime pour échapper au plafonnement imposé par les puissances occidentales.
Un pavillon discret, désormais dans le viseur
Jusqu’alors relativement anonyme sur la scène maritime mondiale, le registre gabonais se retrouve exposé dans une affaire à haut risque diplomatique. Selon les autorités européennes, certains tankers transportant du brut russe auraient été enregistrés sous pavillon gabonais, leur permettant ainsi d’échapper au contrôle des instances de régulation occidentales et d’opérer en toute opacité sur les marchés internationaux.
« Il est de notre devoir de garantir que les sanctions soient respectées et que personne n’aide Moscou à les contourner », a déclaré un responsable européen cité par Politico Europe. Pour Bruxelles, il s’agit de tarir les revenus pétroliers de la Russie, utilisés pour financer la guerre en Ukraine, tout en ciblant les structures qui facilitent cette évasion.
Risques économiques et réputationnels pour le Gabon
Si les accusations se confirment, les conséquences pourraient être lourdes pour le Gabon. Outre un coup porté à son image sur le plan international, des restrictions économiques et techniques pourraient viser les navires battant son pavillon. Des opérateurs pourraient également être dissuadés d’enregistrer leurs navires auprès du registre gabonais, avec à la clé une perte de revenus pour l’État et un isolement accru dans le secteur maritime mondial.
Dans ce contexte, une clarification rapide des autorités gabonaises apparaît urgente. Le président Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a multiplié les engagements en faveur de la transparence depuis sa prise de pouvoir, pourrait voir ce dossier ternir ses efforts diplomatiques récents s’il n’y apporte pas une réponse ferme.
L’affaire soulève aussi une interrogation plus large sur la gestion du registre maritime national. Quels sont les critères d’attribution du pavillon gabonais ? Quels contrôles effectifs sont exercés sur les navires immatriculés ? Autant de questions désormais sur la table.
Alors que le monde entre dans une nouvelle ère de guerre économique, le Gabon est sommé de choisir clairement son camp. Et de montrer qu’il n’est pas, même involontairement, un maillon de l’économie parallèle russe.
GMT TV