Flavienne Adiahénot : «Le Gabon ne rejette pas sa jeunesse, il l’oublie»

Dans une tribune poignante, publiée chez nos confrères de Gabonreview, ce mardi 15 juillet 2025, adressée au chef de l’État, la députée de la Transition Flavienne Adiahénot jette une lumière crue sur un phénomène qui fragilise silencieusement la nation : la fuite des cerveaux. Refusant les discours lénifiants, elle trace les contours d’un mal structurel — et appelle à une refondation audacieuse du lien entre le pays et sa jeunesse expatriée.

« Le départ n’est pas une trahison. Mais l’indifférence face au départ de nos enfants, si. » Cette phrase, puissante et sans détour, résume la teneur du cri lancé par Flavienne Adiahénot. Dans un texte adressé au président Brice Clotaire Oligui Nguema, la députée de la Transition refuse la résignation et interpelle directement les responsabilités institutionnelles : pourquoi les jeunes Gabonais formés à l’étranger hésitent-ils, voire refusent-ils, de revenir ?

Une jeunesse lucide face à un pays déconnecté

Selon l’élue, la jeunesse gabonaise ne fuit pas son pays par désamour, mais par lucidité. « Elle fuit un système qui n’écoute plus, qui ne reconnaît plus la valeur du travail, ni le mérite, ni la compétence », déplore-t-elle, dénonçant les concours biaisés, les nominations par affinité et les appels à projets fermés. Dans un pays où l’égalité des chances reste un mirage, l’espérance d’un retour s’efface au profit de la désillusion.

Flavienne Adiahénot dresse un constat sans fard : « Le Gabon n’inspire plus confiance. » Pour inverser cette tendance, elle appelle à une refondation institutionnelle fondée sur la transparence, la méritocratie et l’équité. À défaut, les talents d’hier continueront de bâtir l’avenir ailleurs.

Offrir plus que des slogans : construire un projet national inclusif

Au-delà du diagnostic, la députée avance des propositions concrètes. À commencer par la création d’un environnement propice au retour : emploi digne, protection sociale, perspectives de carrière et écosystème entrepreneurial favorable. « Que pouvons-nous offrir, concrètement, à un ingénieur formé au Canada ou à une chercheuse revenue de France ? », interroge-t-elle, dénonçant l’absence d’un cadre professionnel structurant au Gabon.

Elle plaide également pour une politique ambitieuse de réintégration des talents, avec des incitations fiscales, des campagnes de valorisation, un guichet unique dédié et un Conseil national de la diaspora gabonaise doté de réels pouvoirs. « Les jeunes ne reviendront pas pour des discours. Ils reviendront pour un projet plus grand qu’eux-mêmes. »

Redonner un sens au mot “patrie”

Car pour Adiahénot, il s’agit de bien plus que de retours individuels. Il s’agit de réconcilier ambition personnelle et projet national, de réinjecter dans l’imaginaire collectif l’idée que le Gabon peut redevenir un territoire d’opportunités et de justice. « Le Gabon doit redevenir un projet collectif, pas un privilège réservé à quelques-uns. »

Le ton est à la fois grave et résolu : « Les jeunes Gabonais ne demandent pas le luxe. Ils demandent du respect, des outils, et une place dans l’Histoire. » Un appel au président de la République, mais aussi à la société tout entière, pour qu’elle cesse de percevoir les expatriés comme des critiques désengagés, mais comme des alliés potentiels du renouveau.

Une tribune lucide, audacieuse et nécessaire, à l’heure où le Gabon se veut en transition. La députée de la Transition y insuffle une idée forte : le pays ne se reconstruira pas sans ceux qu’il a laissés partir — et qu’il doit désormais convaincre de revenir. Non par pitié. Mais par ambition. Pour une nation debout.