Entrepreneuriat au Gabon : Zenaba Gninga Chaning face à la brutalité d’un système qui saborde ses propres fils

Lors de sa prise de fonction, la ministre Zenaba Gninga Chaning a livré un discours porteur d’espoir. « Travaillons pour le pays, pas pour des postes », a-t-elle lancé avec conviction. Un propos fort. Patriote. Mais l’écho de cette déclaration se dissipe brutalement lorsqu’on scrute la réalité que vivent de nombreux jeunes entrepreneurs gabonais aujourd’hui. Car pendant que la ministre parle de transformation économique, ses compatriotes dans l’administration publique et parapublique, eux, anéantissent méthodiquement les rares embryons de souveraineté entrepreneuriale nationale.
Comment comprendre qu’au nom d’un changement au sein d’une administration publique ou parapublique, des conventions légalement signées, homologuées par la Direction générale des Impôts, soient dénoncées sans préavis, sans audit, ni recours ? Dans de nombreux cas, les motifs évoqués relèvent du soupçon idéologique : « proximité supposée avec le prédécesseur », « dossier hérité de l’ancienne équipe », ou tout simplement « instructions informelles ». Résultat : des jeunes entreprises gabonaises, toutes à jour de leurs obligations fiscales, employant des compatriotes et œuvrant dans des secteurs stratégiques, ont vu leur avenir balayé d’un revers de main. Sans autre forme de procès.
Où est donc cette vision inclusive prônée par le chef de l’État Brice Clotaire Oligui Nguema depuis sa prise de pouvoir ? Où est le respect du serment prononcé le 3 mai 2025, celui d’« être juste envers tous » ? En tolérant que l’entrepreneuriat national soit traité comme un dommage collatéral de la transition, le pouvoir actuel trahit son propre discours de refondation.
Une ministre bien intentionnée dans un appareil encore hostile
Zenaba Gninga Chaning veut incarner le changement. Mais son volontarisme pourrait se heurter rapidement à la réalité toxique d’un appareil d’État miné par la revanche, le favoritisme et la bureaucratie punitive. À quoi bon parler d’accès au financement, de relance de l’investissement local ou de formalisation des PME, si l’administration elle-même torpille les conventions passées avec des entrepreneurs gabonais, souvent sans autre justification que leur supposée « proximité » politique d’hier ?
Comme nous l’avons dit dans L’Aube : « Je rêve d’une politique publique de l’entrepreneuriat, pas d’un élément de langage dont on en parle pour s’entendre parler à la moindre conférence. » Car en l’état actuel, l’entrepreneuriat gabonais n’est pas soutenu : il est suspecté. Il n’est pas accompagné : il est humilié.
Madame la Ministre, si vous voulez rompre avec le passé, commencez par rétablir une chose simple : la sécurité contractuelle. Ce pays ne décollera jamais si l’État reste le premier fossoyeur de ses propres entrepreneurs. La Vème République doit choisir : construire une économie nationale solide ou continuer à détruire l’espoir à coups de décisions arbitraires.
GMT TV