Emmanuel Mvé Mba : « les défis de l’éducation ne sont pas liés à un problème de moyens mais à un problème de planification »
Lors d’une interview accordée à Gabon Media Time (GMT) le 18 décembre dernier, Emmanuel Mvé Mba, président de l’Union syndicale des enseignants du Gabon, a dressé un constat sévère sur la situation de l’éducation dans le pays. Inspecteur pédagogique et ancien candidat à l’élection présidentielle de 2023, il a affirmé que les difficultés persistantes ne résultent pas d’un manque de moyens financiers, mais d’une mauvaise planification.
Reçu sur le plateau d’Exclusif, Emmanuel Mvé Mba a appelé à une révision profonde de la planification dans le secteur de l’éducation. Cet acteur éducatif a souligné la nécessité d’actions concrètes pour assurer un meilleur avenir à la jeunesse gabonaise.
Une mauvaise planification : le mal de l’éducation au Gabon
Selon lui, le ministère de l’Éducation nationale figure parmi les départements disposant des plus importants budgets. Pourtant, ces ressources échouent à répondre aux besoins réels de la communauté éducative. « Le ministre en charge de l’Éducation nationale sollicite des budgets qui lui sont alloués, mais ces fonds ne servent pratiquement à rien en dehors d’organiser les examens ou de construire deux ou trois salles de classe. Les volets essentiels comme l’enseignement, l’éducation et la formation sont négligés. C’est ce qui est regrettable aujourd’hui », a-t-il déclaré.
Il a insisté sur l’importance d’établissements complets, dotés non seulement de salles de classe mais aussi de laboratoires scientifiques, de bibliothèques et de salles de jeux. Ces infrastructures sont, selon lui, essentielles pour permettre aux élèves gabonais de rivaliser avec leurs pairs à l’international.
Une alerte sur l’avenir de l’éducation et de la jeunesse
Emmanuel Mvé Mba a également mis en lumière les lacunes en matière de formation scientifique et technique. Malgré les discours des autorités de transition sur le besoin de former une jeunesse qualifiée dans les métiers d’avenir, les établissements manquent cruellement de ressources. Il a souligné le déficit d’enseignants dans les disciplines scientifiques et l’absence de laboratoires, deux obstacles majeurs pour susciter des vocations dans ces domaines.
Pour ce dernier, le système actuel forme davantage des sans-emploi que des citoyens capables de contribuer à l’économie nationale. « Nous pensons viser l’excellence alors que nous sommes en train de tuer la formation de nos enfants, et c’est le Gabon qui va en pâtir. Montrer à l’international que les établissements existent, alors que la réalité est tout autre, ne sert à rien », a-t-il conclu.