Elections 2025 à Fougamou : les minorités Mitsogho, Eviya, Apindji, Akélé…reléguées au rang de porte-flingue ?

Véritable melting pot ethnolinguistique, le département de Tsamba-Magotsi et plus particulièrement la commune de Fougamou serait au cœur d’une bataille politique importante. En effet, si le président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema a fait de l’inclusivité un des principes cardinaux de sa gouvernance, force est de constater que dans cette localité une baronnie à connotation ethnique se serait installée, empêchant certaines ethnies dites « minoritaires » à avoir une place de choix dans la gestion de la localité.
Si historiquement le peuple Akélé est considéré comme le premier peuple Bantu à s’implanter dans la contrée, il a été suivi de près par une migration d’une partie du peuple Membet ayant suivi la rivière Ngounié, notamment les Apindji, Mitsogho et Eviya. Puis viendra, en dernier lieu, la migration Ghisir venant du sud-ouest. Cette dernière s’imposera au fil des années, comme l’ethnie majoritaire de la localité, en occupant principalement la rive gauche du fleuve Ngounié.
Cette réalité historique a toujours été au centre des préoccupations administratives et politiques, nourrissant des ambitions d’équilibre entre les différentes ethnies. Un exemple marquant est l’élection d’Ousmane Mabadi, en qualité de 1er maire adjoint de la commune de Fougamou grâce à l’influence de feu Maître Louis Gaston Mayila, à l’époque président du Parti de l’unité du peuple (PUP), qui avait œuvré pour l’inclusion de tous les cadres locaux.
Hélas, ce principe d’équilibre insufflé par feu Louis Gaston Mayila semble aujourd’hui, aux dires de plusieurs cadres de la localité issus des ethnies dites minoritaires, bafoué par un groupe restreint de personnalités politiques, qui instrumentaliseraient la fibre ethnique pour marginaliser des leaders issus des communautés Mitsogho, Eviya, Apindji et Akélé.
Les populations de la rive droite de Fougamou oubliées !
La voix des populations de la rive droite que sont les Ngouassa, Ekanga, Waka… est depuis des décennies inaudibles. Le bilan de la tournée républicaine d’octobre 2024, effectuée par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, en est le reflet. En effet, les populations issues de ces ethnies estiment ne pas avoir été associées.
Pour preuve, leur rive n’a bénéficié d’aucun projet d’infrastructure, seule la rive à domination guisir s’est taillée la part du lion : Maison de l’enfant et de la femme, Maison de la culture et de la jeunesse sont autant de réalisations concentrées sur une seule rive. « Nous déplorons que malgré le discours de rupture du président Oligui Nguema, les pratiques du passé visant à balkaniser une partie de la population de Tsamba Magotsi sont toujours d’actualité », s’est indigné un notable du village Waka.
Une balkanisation élargie aux joutes politiques
Il faut souligner que la discrimination orchestrée par ces acteurs politiques ne se limite pas à l’aspect infrastructurel. Au plan politique, la marginalisation dont sont victimes ces ethnies se manifeste également au niveau politique. Aux dires de certains cadres, le choix des citoyens susceptibles de contribuer à la gestion de la commune s’opérerait également de manière discriminatoire.
Selon eux, l’Union démocratique des bâtisseurs qui prône pourtant la rupture avec les pratiques du passé, s’inscrit dans cette même logique. Constat : très peu de colistiers originaires de la rive droite ont été retenus sur la liste aux élections locales par le parti au pouvoir, quand bien même plusieurs cadres y sont membres.
Même cas de figure au Parti démocratique Gabonais et au Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM), les leaders Guisir auraient du mal à composer avec leurs compatriotes de l’autre rive. « Nous, les populations de la rive droite, si nous ne sommes pas représentés au sein du conseil municipal, il est clair que nous serons toujours marginalisés même dans le choix des projets de développement de la ville, qui s’étend pourtant sur deux rives, comme Lambaréné, Mouila, Kango ou encore Franceville, pour ne citer que ces exemples », a regretté un cadre.
Une situation qui soulève la question cruciale de la représentation politique des minorités à Fougamou et témoigne d’un défi majeur qui attend les dirigeants à l’approche des élections. La quête d’une véritable inclusion et d’une gestion équilibrée des affaires publiques demeure le défi central auquel les citoyens de Fougamou aspirent, afin de tirer le meilleur profit de la diversité qui les unit.
Reste à espérer que cette réalité, qui ne laisse plus insensible ceux qui la subissent, soit entendue et pris en compte dans l’élaboration des projets à venir, afin de construire une ville où tous ses fils et filles sont partie prenante.
GMT TV