Dominique Tchimbakala : «Le journaliste n’est ni militant, ni communicant»

Dans une époque où la confusion règne entre journalistes, communicants et influenceurs, la journaliste franco-congolaise Dominique Tchimbakala a remet les pendules à l’heure. Pour celle qui incarne depuis des années un journalisme rigoureux et indépendant, le cœur du métier repose sur trois piliers : chercher, vérifier et transmettre. Un rappel salutaire, alors que l’Afrique francophone voit proliférer les “faux journalistes” au service de causes politiques ou commerciales.
« Communiquer, ce n’est pas informer », a tenu à rappeler avec fermeté la journaliste, avant de préciser que lorsqu’ « on est communicant, on travaille pour quelqu’un. Quand on est journaliste, on travaille pour le public. » Dans un échange à bâtons rompus, elle a insisté sur la confusion croissante entre journalisme, militantisme et communication, regrettant qu’une partie des nouveaux visages médiatiques se contentent de briller à l’antenne plutôt que de servir la vérité.
Pour elle, le journalisme ne saurait se réduire à l’art de bien parler où d’exposer sa beauté. C’est avant tout une mission d’intérêt public. « Être journaliste, c’est aller chercher l’information, la vérifier, la confronter et la rendre accessible à tous », a-t-elle précisé. Un rappel salutaire sur un continent où la communication politique supplante trop souvent l’investigation, et où la complaisance médiatique, sous couvert de proximité, menace l’essence même de la liberté de la presse.
Réseaux sociaux : champ de bataille de la vérité
Consciente que la désinformation prolifère désormais sur les réseaux, Dominique Tchimbakala a choisi d’y porter le combat. Depuis le 15 septembre, elle y mène une campagne d’éducation aux médias, convaincue que « le premier outil contre la désinformation, c’est la connaissance ».
« Le grand public ne va plus vers les médias traditionnels. Il ne croit plus en eux. Si on veut le reconquérir, il faut aller là où il est », explique-t-elle. Son ambition : apprendre aux citoyens à distinguer faits, opinions et propagande — un enjeu démocratique majeur sur un continent où les “infox” façonnent désormais le débat public.
« Un journaliste ne milite pas : il éclaire »
Fidèle à son credo, Dominique Tchimbakala refuse toute compromission. « On ne peut pas être à la fois journaliste et militant. On ne peut pas être journaliste et attaché de presse. Notre rôle n’est pas de convaincre, mais d’éclairer », a-t-elle souligné. Ce positionnement sans concession rappelle l’essence même du métier : servir la vérité plutôt que les intérêts.
Une prise de position courageuse dans un environnement où la précarité, la pression politique et la quête de notoriété poussent trop souvent à la compromission.
L’union, dernier rempart
Pour la journaliste, le salut de la profession passera aussi par la solidarité entre pairs. « Ce qui protège les journalistes, ce ne sont pas seulement les lois ou les démocraties, mais le fait d’être structurés, unis, solidaires », a-t-elle martelé non sans manquer d’appeler à une alliance entre journalistes africains du continent et de la diaspora. Elle plaide pour un véritable front professionnel face aux menaces croissantes contre la liberté de la presse.
Quand Dominique Tchimbakala parle de journalisme, elle parle de vérité, de rigueur et de courage. À l’heure où l’Afrique digitale redéfinit ses repères médiatiques, sa voix rappelle une évidence : informer n’est pas séduire, et parler n’est pas enquêter. Entre communication et information, il faut choisir son camp.
GMT TV