Dépenses publiques : bondissent de 24 % en 2024 sous l’effet des projets d’infrastructure et des mesures sociales

Porté par une volonté affirmée de répondre aux attentes sociales post-transition et de relancer l’investissement public, le Gabon a vu ses dépenses publiques croître de 24 % en 2024. Une progression marquée par une explosion des dépenses en capital (+155 %) et des transferts sociaux (+48 %), selon la Banque mondiale.
Dans sa dernière Note de conjoncture économique du Gabon 2025, la Banque mondiale dresse un portrait clair de l’évolution des finances publiques gabonaises. Après le changement de régime d’août 2023, les nouvelles autorités ont rapidement mis en œuvre un ensemble de mesures sociales et économiques, traduisant une volonté politique de rupture.
Des dépenses d’investissement dopées par les projets d’infrastructure
Selon l’institution de Bretton Woods, les dépenses d’investissement ont plus que doublé, passant de 2,2 % à 5,4 % du PIB en 2024. Cette hausse spectaculaire est attribuée à des projets d’envergure engagés par le gouvernement, notamment : la construction de la nouvelle cité administrative censée générer jusqu’à 30 milliards de FCFA d’économies annuelles sur les loyers administratifs ; l’expansion et la réhabilitation des routes nationales et locales ; la modernisation du réseau ferroviaire, des infrastructures d’eau et d’électricité ; la construction d’écoles, de centres de santé et de logements sociaux ; ainsi que la rénovation des infrastructures militaires.
Autant de chantiers destinés à relancer l’économie, améliorer les services publics et créer des emplois dans les secteurs clés.
Des mesures sociales pour apaiser les attentes post-transition
Dans un contexte de forte pression sociale, le gouvernement a également renforcé les transferts sociaux, qui sont passés de 2,8 % à 4,0 % du PIB en une année. Cette hausse reflète des décisions stratégiques telles que : la réintroduction des bourses scolaires pour l’enseignement secondaire ; la réactivation des subventions sur les carburants pour les entreprises et la SEEG, en difficulté face à ses charges de production et d’approvisionnement.
Pour la Banque mondiale, ces choix budgétaires visent clairement à répondre aux exigences de la population en matière de pouvoir d’achat, d’accès aux services essentiels et de justice sociale, tout en soutenant l’activité des entreprises.
Une trajectoire à surveiller pour préserver les équilibres
Si ces dépenses publiques renforcées traduisent une volonté politique d’investir dans l’humain et les infrastructures, elles soulèvent toutefois des interrogations quant à la soutenabilité budgétaire à moyen terme, dans un contexte de dette élevée et de ressources fiscales encore limitées.
Avec une dette publique désormais estimée à 72,5 % du PIB, le Gabon devra, selon la Banque mondiale, veiller à un meilleur ciblage des dépenses, une efficacité accrue dans l’exécution budgétaire, et surtout à la mobilisation élargie des recettes intérieures pour ne pas hypothéquer les marges de manœuvre futures. Contacté par Gabon Media Time, un expert économique basé à Libreville note que « le pari engagé par les autorités est audacieux. Il faudra à présent traduire les investissements dans des résultats concrets visibles pour les populations ».
GMT TV