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Cybersécurité: Comment le Gabon peut-il rattraper son retard ?

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Les comparatifs disponibles placent le Gabon en retard par rapport à certains autres pays en Afrique. Pourtant il existe un espoir de voir émerger un numérique de confiance national. Pour y voir plus clair, notre rédaction a rencontré Didier SIMBA, expert cybersécurité, président et fondateur du CESIA–Club d’experts de la sécurité de l’information en Afrique.  

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Didier Simba: Je suis Didier SIMBA, professionnel depuis plus de 12 ans dans les métiers de la sécurité numérique et la cybersécurité. Je suis Responsable Sécurité de Systèmes d’Information dans une entreprise de service numérique reconnu comme leader en France (avec plus de 7500 salariés).

En parallèle, je suis président-fondateur du CESIA, l’un des plus grands réseaux africains composé des professionnels de la sécurité numérique. Il compte près de 180 membres dans 18 pays en Afrique, dont le Gabon.

En tant qu’expert sur le sujet, quel constat fait vous sur le développement numérique au Gabon ?

Depuis plusieurs années déjà, le Gabon fait preuve d’une grande volonté d’accéder à la 4e révolution industrielle, celle des usages numériques et mobiles. Nous avons assisté à la création de l’ANINF – Agence Nationale des Infrastructures Numériques et des Fréquences du Gabon en 2011, le projet « eGabon » qui promeut la transformation numérique en 2019 ou encore le Plan d’Accélération de la Transformation (PAT). Tout ceci avec un seul objectif : moderniser les conditions de vies des gabonais en facilitant les démarches grâce au numérique.

Au Gabon, on constate une progression très forte au niveau de l’internet mobile. Le pays est déjà très en pointe au niveau des usages mobiles, des micropaiements et l’usage des applications mobiles. 

Aussi, j’observe de plus en plus que des compatriotes, compétents et expérimentés dans le domaine, pour la majorité formée en Europe ou aux États-Unis, participent à la transformation numérique au Gabon. Ce sont des personnes qui montent des entreprises locales, et qui développent des solutions et des partenariats dans les domaines du conseil, de l’intégration, de la vente, etc.

Quel est pour vous la prochaine étape ?

Si la crise sanitaire a permis d’accélérer la transformation digitale dans le pays, elle a tout aussi révélé au grand jour la dépendance des entreprises à l’outil informatique. Elle a confirmé l’essor inexorable des infrastructures numériques et la nécessité vitale de les sécuriser.

Pour moi, la prochaine étape dans un délai très court, est de construire un numérique de confiance national, c’est-à-dire de protéger les infrastructures critiques du pays, protéger l’État et bien entendu, protéger les populations. 

La géopolitique n’est plus à négliger dans les critères de choix des technologies ou des prestataires et partenaires. La cybercriminalité est plus que jamais un enjeu majeur pour les États, et le Gabon n’est pas en reste. Le conflit russo-ukrainien nous démontre chaque jour que les stratégies de combat se sont déplacées sur l’espace numérique et que, plus que jamais, la cybersécurité doit faire partie des priorités du Gouvernement. A mon avis, nous accusons du retard.

A votre avis, qu’est-ce qu’il faut faire dans ce cas pour rattraper notre retard ?

Le Gabon doit se doter d’une stratégie nationale de cybersécurité. Celle-ci s’inscrirait parfaitement dans le « Plan Stratégique Gabon Émergent (PSGE) ». 

Cela passerait par la création d’une ANSSI – Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information à l’instar de ce qui se fait dans la plupart des pays qui intègrent le numérique dans leur politique nationale. Cette agence aura entre autres pour mission de décliner une Politique de Sécurité des Systèmes d’Information Nationale (PSSI-N). 

L’ANSSI Gabon, définirait et ferait appliquer les recommandations en matière de sécurité numérique pour les entreprises du pays, elle serait également dotée d’une équipe opérationnelle avec la capacité de prévenir les cyberattaques (surveillance cyber) mais aussi d’accompagner les entreprises ou organismes victimes de cyberattaques. Enfin, l’ANSSI serait responsable de la stratégie de sensibilisation des populations.

D’autre part, face à la sophistication des cyberattaques et à l’organisation des cybercriminels, la coopération entre États reste l’arme principale. Plus que jamais, le Gabon doit ratifier la convention de Malabo.

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