Crise énergétique : les lignes de transport d’électricité, principal défi des autorités

La crise énergétique qui secoue le pays depuis plusieurs mois déjà a révélé un déficit en investissements structurants depuis des décennies. Bien que le Gabon dispose de potentialités insoupçonnées permettant de répondre aux défis énergétiques, le pays n’a pas su capitaliser des années durant sur ses importantes ressources financières pour développer des infrastructures de transport permettant une interconnexion du pays.
Ce vendredi 28 février, le président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema s’est rendu en personne sur le site de la centrale flottante Kapowership afin de procéder au lancement de la production électrique. Un déplacement qui fait suite à l’inauguration il y a moins d’une semaine de l’interconnexion électrique entre le Gabon et la Guinée-Equatoriale, qui permettra à ce pays voisin de vendre son surplus d’énergie au Gabon, en vue de faire face à notre gap énergétique. Si ces initiatives sont des mesures à court terme, l’enjeu pour le pays à moyen et long terme sera sans aucun doute de parvenir à investir dans des lignes de transport électrique.
Le modèle des PPP entravé par l’absence de lignes de transport d’énergie
Bien que le pays dispose de quelques réserves en énergie, il lui est pourtant impossible de les utiliser. En effet, alors que Poubara produit jusqu’à 160 mégawatts, seuls 80 sont exploités. Il en est de même pour la Guinée équatoriale avec qui le Gabon a souscrit autour de 12 mégawatts, mais seulement 3 sont exploitables en l’état. Si dans le premier contrat avec Kapowership, l’Etat envisageait d’acheter 150 mégawatts, le second contrat a dû se contenter de 70 mégawatts. Il y a bien une raison à cette situation. « Le réseau de transport d’énergie du pays présente des faiblesses », a reconnu le Directeur général du Patrimoine, Patrick Yalis Ongalla le 27 février dernier lors de l’émission Le Point Gouvernemental diffusée sur Gabon 1ère.
Il faut dire que la baisse du prix du baril de pétrole intervenue en 2014 a conduit à un changement fondamental dans la manière de financer des projets énergétiques. L’idée était désormais, non plus de les financer via l’Etat, mais par le mécanisme des Partenariats publics privés (PPP). Une solution qui, selon les techniciens du ministère de l’Énergie, comporte des faiblesses dans la mise en œuvre. En effet, selon Aristide Ngari, Directeur général de l’Énergie, les investisseurs ne sont pas prompts à financer les lignes de transport. « Autant les investisseurs peuvent financer la partie production d’énergie, autant les lignes de transport relèvent du domaine régalien de l’Etat », a-t-il souligné.
De la nécessité d’un plan d’investissement massif dans les infrastructures de transport énergétique
Afin de répondre en partie à cette situation de vulnérabilité, l’Etat envisage à moyen terme de construire une deuxième conduite de gaz entre Port-Gentil et Libreville afin de sécuriser la distribution d’électricité de la capitale gabonaise et ses environs. Toujours sur Libreville, une solution immédiate est actuellement en train d’être déployée sur la ligne Owendo – Bissegue. « Nous avons actuellement une capacité oisive à Owendo que nous ne pouvons pas distribuer du fait de la saturation des lignes de transport », a reconnu le Directeur général du Patrimoine. C’est pourquoi, des travaux sont en cours en vue de doubler les capacités de transit de cette ligne, avec des effets perceptibles d’ici la fin de cette année.
Quoi qu’il en soit, ces solutions palliatives ne permettront pas à l’évidence de régler les importants besoins en investissements que nécessite le réseau électrique national. Si les techniciens du ministère de l’Energie ont reconnu qu’un schéma directeur transport d’électricité a été élaboré en 2020, peut-être serait-il le moment de l’exhumer afin de définir un plan d’investissement qui s’appuierait sur une stratégie d’endettement responsable, avec des mécanismes de suivi rigoureux.
GMT TV