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Gabon : chantiers routiers en panne, l’État toujours mauvais payeur ?

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Alors que les ambitions présidentielles pour la relance des infrastructures routières n’ont jamais été aussi affirmées, le constat sur le terrain laisse un goût amer rapporte le quotidien L’Union. En mission dans la Ngounié et la Nyanga, le ministre des Travaux publics, Edgard Moukoumbi, a eu droit à un cours magistral de réalité gabonaise : des chantiers au ralenti, voire à l’arrêt, plombés par un mal endémique bien connu — le non-paiement des prestations aux entreprises adjudicataires.

L’État paralysé par ses propres dettes. Du bitume en pointillés, des engins immobilisés, des ouvriers renvoyés : l’image est saisissante mais tristement familière. Pourtant, les entreprises avaient, pour la plupart, accepté de préfinancer les travaux, convaincues par les engagements de l’État. Mais voilà, les attachements validés par les missions de contrôle, les factures dûment transmises, restent lettre morte une fois arrivées dans les services financiers de l’administration.

« Il en est ainsi de la société Covec envers laquelle l’État est redevable », a reconnu le ministre Edgard Moukoumbi, évoquant une dette abyssale de près de 20 milliards de FCFA. Pire, même un avis de paiement signé en juillet 2024 pour 6 milliards de FCFA n’a jamais été exécuté. « C’est un paradoxe inacceptable quand on sait que le président Brice Clotaire Oligui Nguema a fait de la route une priorité nationale », soupire un cadre du ministère, sous couvert d’anonymat.

Un discours d’émergence, des pratiques d’enlisement

Le décalage entre les discours officiels et la réalité opérationnelle interroge. Comment construire des routes quand les entreprises n’ont plus les moyens d’acheter du carburant, de payer leurs sous-traitants, ni même de garantir la sécurité de leurs chantiers ? « On nous parle de transparence, mais on ne sait jamais où les blocages se situent exactement », confie un entrepreneur du secteur, excédé par la lenteur des procédures.

Il ne suffit plus de poser des pierres ou d’inaugurer des tronçons symboliques en période électorale. La relance des infrastructures exige une gestion rigoureuse et un paiement à terme, sans quoi l’État risque de tuer dans l’œuf son propre plan de développement.

L’heure n’est plus à la rhétorique mais à la responsabilisation. Faute de quoi, la route de la relance risque de se transformer, elle aussi, en impasse budgétaire.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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