Communication présidentielle : Scarlett Pindji plaide pour une refonte stratégique

Malgré l’adhésion massive du peuple gabonais à la personne du Président Brice Clotaire Oligui Nguema, la communication présidentielle peine à porter les actes de la Transition. Dans une tribune incisive, Scarlett Pindji, spécialiste en communication d’influence et marketing politique, propose une restructuration complète du dispositif présidentiel en cinq cellules clés, autour d’un Spin Doctor apte à incarner et porter l’action publique.
« Malgré les prouesses du Président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema, sa communication n’y arrive toujours pas ?
Si la Communication, avec son ensemble de composantes, est considérée comme le quatrième pouvoir, sa déclinaison Politique revêt donc d’autres attributs plus importants car elle occupe une place centrale dans le dispositif de la conquête du pouvoir et de l’exercice du mandat. Elle est ainsi gage des chances de réélection ou non.
Il y a donc justifiablement lieu de lui conférer uneresponsabilité majeure dans la construction et le maintien de la réputation de la Personne du Président de la République, Chef de l’État, Chef du Gouvernement.
Pour le cas du Gabon en effet, après le sacrifice suprême qu’ont consenti Brice Clotaire Oligui Nguema et ses frères d’armes, pour le regain de la souveraineté du peuple Gabonais, une pléthore de dispositions structurantes, légales et ces nombreuses réalisations souveraines… la communication du Président a manqué d’accorder à ceux-ci une valorisation digne.
Énième fait pernicieux : alors que La Nouvelle République s’ouvrait avec la prestation de serment du 1er Président de la Ve République, plutôt que de suivre allègrement la cérémonie solennelle, nous avons plutôt été amené à suivre la non-communication présidentielle du Gabon.
Pendant ce temps, les Sénégalais, Rwandais, Équato-guinéens et autres nous étrillaient à l’autel des média sociaux et autres plateformes de grande audience numérique nationales et internationales.
Avec l’avènement de la Ve République, la communication présidentielle gabonaise se trouve désormais dans un tournant décisif. Plus d’un Gabonais s’interroge sur sa capacité à incarner véritablement les valeurs fondatrices de cette nouvelle ère. Un défi qui exige une refonte structurelle, sémantique et stratégique de son déploiement.
Pour donner à cette communication l’essence réelle de son ascendance présidentielle, Scarlett PINDJIsuggère qu’elle y intègre enfin :
La définition de son objectif à court et à long terme
Sous la transition, j’aurai aimé voir « la valorisation intense du patriotisme », par opposition à l’expropriation cruelle du Gabon vécue sous le régime déchu.
Pendant la campagne, là aussi, nous ne retenons que les salles combles et chauffées à l’arrivée du Candidat OLIGUI NGUÉMA.
Que reste-t-il donc de sa communication électorale ?
Que reste-t-il de ces gadgets qui ont eux aussi eu du mal circuler ?
Quels étaient les slogans ?
En principe, un candidat bien entouré se dote de deux (2) slogans. L’un à portée sociale, l’autre à portée politique. Mais la seule propagande des initiales du patronyme du Candidat (C’BON) – bien qu’accrocheur – ne remplace pas un slogan de marketing politique, et celui ici rappelé n’est en rien à propos avec le contexte gabonais. Hélas !
Mais les Gabonais ont marqué leur adhésion aux valeurs de la personne. Car en campagne, soit on rejeteun candidat, soit on adhère à un autre. Et le 12 avril au Gabon, c’était un plebiscite d’adhésion à l’homme – OLIGUI NGUÉMA.
À l’aurore de la Ve République, il serait bon que la Communication présidentielle planche enfin sur le champ lexical et les actes de gouvernance inhérents à l’ÉDIFICATION car c’est bien la naissance d’une nouvelle République dont il est actuellement question au Gabon.
Pour ce qui est de l’événementiel présidentiel, comme ce fut le cas de la cérémonie d’investiture : le décor, les costumes présidentiels, le discours, les slogans, les thèmes décryptés en plateau, les éléments de language des maîtres de cérémonie, etc auraient gagné en adhésion, en souscrivant au champ lexical de l’ÉDIFICATION. Mais nous avons plutôt vu mettre en avant les Panthères et les valeurs culturelles, la popularité du Président de la République à travers les 94.85% et la taille du stade… tout, vraiment tout; sauf les Elements en rapport avec l’ÉDIFICATION, LA CONSTRUCTION, de la Vème République.
C’était peut-être voulu. Hélas !
Alors, maintenant que les Institutions de la Ve République sont tout de même en train d’être installées, je suggère que la communication présidentielle s’amende pour s’organiser plus ou moins comme suit :
1• Une cellule marketing politique chargée de :
– L’image cosmétique du Chef de l’État
– L’image privée du Chef de l’État (famille, amis)
– L’image intellectuelle du Chef de l’État.
Pour le Président OLIGUI NGUÉMA, adepte de visites de terrain, de face-à-face et de petites phrases, cette cellule devrait se prémunir d’éléments pour encadrer les sorties du Chef de l’État. De même, l’actualité de sa vie privée qui alimente les débats à travers les réseaux sociaux et dans les quartiers devrait être maîtrisée, pour façonner une opinion positive. Quant à son image intellectuelle, il y’a lieu ici de rappeler d’abord que les élites, nous les avons dans tous les domaines de la vie. Il y a des élites dans le sport, dans l’art et la culture, dans les lettres, dans les sciences mathématiques et aussi dans l’armée. Et là-bas, le Général OLIGUI est une sacrée élite.
Maintenant qu’il a fait son entrée en politique à la faveur du Coup de la Libération, il convient de mettre à la disposition de son grand pragmatisme les rudiments synthétiques pour le suivi de ses dossiers. Ainsi, il reviendra à son cabinet et à son Communicant d’organiser les sorties officielles médiatiques car il asouligné lui-même pendant la campagne présidentiellequ’il n’est pas un adepte d’envolée lyriques, mais plutôt d’actions tangibles.
2 • Une cellule scientifique chargée de :
– Décrypter l’agenda du Chef de l’Etat
– Assurer la veille de l’impact des actes du PR
– En cas d’échec, proposer des actions correctives
Cette cellule se veut scientifique car elle devrait prendre part à tous les travaux inhérents à l’agenda du Président de la République. Parce qu’ils ont les compétences nécessaires pour valider ou non un acte de gouvernance, selon que celui-ci ait un impact positif ou non sur la population.
3 • Une cellule éditoriale chargée de :
– Rédiger pour le Chef de l’État suivant les variations du climat – social, économique et politique… Et adapter sa communication à l’intelligence d’Aristote qui suggère les 3 registres de réthorique suivants :
Éthos, quand l’actualité fait appel à l’éthique ;
Logos, quand l’actualité fait appel à la logique ;
Et Pathos, quand l’actualité fait appel aux émotions.
Conscient par exemple de ce que le Président OLIGUI NGUÉMA est un militaire de formation, donc à la fois Éthos et Logos; et le fait qu’il se montre aux Gabonaisavec un grand sens de l’empathie – donc Pathos, cela offre des atouts indéniables à sa Communication pourfaire surfer sa politique sur les variations des événements dans l’espace et durablement dans le temps.
4 • Une cellule digitale chargée de :
– Créer des canaux de communication prompte
– Créer des contenus digestes (verbatim, spots)
– Veiller sur l’e-réputation du Chef de l’État
Aujourd’hui, cette cellule est plus que vitale pour l’efficience et l’efficacité de la communication du Président de la République. C’est elle qui va la première au contact des populations connectées. Elle est donc la mieux placée pour assurer la vente et le service après-vente de la communication digitale. Grâce à elle, le reste de l’équipe peut (re)définir sa stratégie.
5 • Une cellule événementielle chargée de :
– Valoriser le pays (9 provinces et diaspora)
– Promouvoir l’agenda (avant, pendant et après)
– Gérer la crise (avant, pendant et après)
Le Président de la République a annoncé, lors de son allocution de serment, qu’il fera du développement de l’arrière-pays une de ses nombreuses priorités. C’est donc pourquoi, il est crucial ici de lui accorder une des premières importances. En menant des actions d’inclusion nationale. Aussi, étant donné que gouverner, c’est prévoir; il importe au Président de s’équiper d’une cellule de crise. Celle-ci se pré-organisera de manière à anticiper tout évènement politique, économique, social, environnemental, militaire ou autres qui adviendrait et tenterait même d’enfreindre le cours normal de la vie au Gabon.
Cet ensemble de propositions ne serait performant qu’à la seule condition que le Président de la République, Chef de l’État, Chef du Gouvernement s’attache les services d’un Spin Doctor. Celui-ci serait à la fois Conseiller Spécial du Président de la République, Chef de Département Communication et Porte-parole de la Présidence de la République. Ce cumul à cecid’avantageux que, la scission entre le Département Communication et le Porte-parolat crée naturellement un fossé d’informations entre ces deux. Alors que le porte-parolat se doit d’avoir toutes les informations sociales, gouvernementales et présidentielles, pour être paré à bien communiquer aussitôt que le besoin sera. Il y’a donc nécessité de rassembler ces deux compétences dans un seul profil.
Ce profil devra à son tour être doté d’un potentiel très éclectique, de talents des plus grands instants et d’un sens inflexible de la République; entre autres atouts techniques tels que la compréhension de la politique nationale et internationale; l’appréhension psychologique de l’opinion nationale et internationale, la saisie par l’esprit de tous les éléments de la communication d’influence et du marketing politique. En terme de qualités humaines, il devrait accorder les siennes à celles du Chef de l’État – et modulablement au gré des événements. Il devrait enfin être doté d’unsens fin de l’analyse et d’excellentes compétences en synergologie lui permettant l’établissement d’un lien presque filial avec le Président de la République et la presse nationale. »
Scarlett PINDJI,
Spin Doctor – Directeur Général du Cabinet d’intelligence en Communication INTELLEKT
GMT TV